« Mais c’est de l’homme qu’il s’agit,,, Et de l’homme lui-même, Quand donc sera-t-il question ? »
De
Lautréamont (Uruguay) à
Aimé Césaire (Martinique) en passant par Saint-John Perse (1887-1975, Guadeloupe), la poésie francophone semble, depuis la fin du XIXème siècle n'avoir jamais eu tant de souffle, que lorsqu'elle prend source au-delà des mers, comme si, au-delà de "l'Europe aux anciens parapets" dont parle
Rimbaud dans le "Bateau Ivre", la poésie avait encore de nombreux territoires vierges à conquérir.
Césaire revendique son appartenance au vieux peuple bafoué des esclaves à qui il offre sa parole rebelle. Saint-John Perse, pourtant issu d'une famille de Béké, riches exploitants des terres et des hommes, verra la ruine de sa famille et connaîtra l'exil, d'abord en quittant l'île de son enfance, puis en s'installant aux Etats-Unis durant l'occupation nazie en France. Leurs deux oeuvres, à la confluences de cultures diverses et contrastées, inventent une certaine forme de lyrisme audacieux qui puise son élan à la fois dans les territoires de l' enfance, qui leur offre ses images, ses couleurs et ses rythmes, et dans une langue française façonnée par des siècles d'expression écrite et orale, qu'ils prolongent et renouvellent. L'un et l'autre ne voulurent pas séparer l'expression poétique de l'action dans la citée, puisqu'ils occupèrent,
Césaire comme Maire de
Fort de France et Député de Martinique, Perse comme Diplomate, des positions influentes dans la vie politique française.