Je tiens André Frédérique pour le meilleur poète de l'humour qui ait appartenu -quoique sur le tard, eu égard à son âge- au mouvement surréaliste et j'ai, par les moyens de la radio, de la télévision et du spectacle, tout mis en oeuvre pour faire partager le plus largement possible l'admiration boulimique que je voue à ce rigolo qui avait une sainte horreur, si je puis m'exprimer de la sorte, de tout ce qui ressemble à l'admiration, à la considération, et à la consécration, du moins appliquées à ses pompes et à ses oeuvres.
J'ajoute que l'accueil enthousiaste des téléspectateurs et auditeurs qui suivirent les émissions que je lui ai consacrées (les jeunes de 16 à 20 ans, en particulier, m'adressèrent des milliers de lettres pour savoir où ils pourraient se procurer les oeuvres d'André Frédérique), dépassa toutes mes espérances.
André Frédérique, qui d'ailleurs ne le fréquenta que très peu, appréciait beaucoup
Raymond Queneau.
D'un certain point de vue, voire de plusieurs, les ayant bien connus l'un et l'autre, je suis fondé à penser qu'ils étaient quelque peu frères.
Par comble de délicatesse et d'esprit de contradiction, au physique, André Frédérique ressemblait, les jours fastes à un clerc de notaire, et les jours néfastes, carrément à un notaire de province qui aurait eu des relations dans la capitale.