"La meilleure façon d'être d'avant-garde, c'est de tout contredire, à commencer par l'avant-garde" disait, si j'ai bonne mémoire,
Jean Cocteau.
Cet aphorisme convient à merveille pour évoquer la mémoire d'un poète qui fut contemporain de Tristan Tzara et d'
André Breton, sans pour autant aucunement se sentir entraîné dans la remise en cause des formes poétiques qu'ils initièrent.
On lui doit en particulier quelques poèmes, qui, mis en musique par Brassens, témoignèrent que le "divorce entre la poésie et le public" dont parlait
Robert Desnos, est loin d'être une fatalité, dans la mesure où les poètes ne méprisent pas leur lecteur mais veulent, tout simplement, leur parler.
Parce qu'il serait trop simple de voir en Paul Fort une sorte de "chansonnier qui se déguisa en poète", par la limpidité de sa langue et son invention, il appartient sans aucun doute au meilleur de notre tradition poétique, et cela n'est pas un hasard s'il fut, après son ami
Verlaine, désigné comme "Prince des Poètes".