« La poésie n'est pas la tempête, pas plus que le cyclone. C'est un fleuve majestueux et fertile. (...) Ce sont des mots comme celui de rêve, néant de la vie, passage terrestre, la préposition peut-être, le trépied désordonné, qui ont infiltré dans vos âmes cette poésie moite des langueurs, pareille à de la pourriture. » I.D.
Les surréalistes entre autres mérites, ont eu celui de ramener à la lumière avec un grand eccléctisme quelques oeuvres originales et marquantes qui étaient tombées dans l'oubli. C'est le cas avec
Charles
Cros,
Saint-Pol-Roux, (en l'honneur de qui ils organisèrent une manifestation d'hommage alors que le vieux poète était depuis longtemps tenu à l'écart de la vie littéraire), et
Corbière (qui doit aussi beaucoup à
Verlaine).C''est aussi le cas d'Isidore Ducasse, dit le Comte de Lautréamont, dont l'oeuvre serait passée pratiquement inaperçue sans leur intervention. On pourrait d'ailleurs se demander si Lautréamont se préoccupait de notoriété, et à de postérité, si le jeune poète n'avait envoyé un exemplaire des Chants de Maldoror à
Victor Hugo en sollicitant son soutien. Son oeuvre pourtant est unique dans son époque : par sa verve, sa désinvolture, son brio, et son insolence, elle élargit les domaines de la poésie, au-delà de l'expression de la sensibilité ou du désir d'enseigner, vers des territoires où le poète, avec un vigoureux tempérament, démontre que le lyrisme qui "souffle où il veut", peut être utilisé avec le même talent pour construire que pour détruire les idoles de la pensée.