Pablo Neruda, le poète le plus populaire du Chili, nous a fait la joie de venir au Club des Poètes lorsqu'il était Ambassadeur à Paris.
Jean-Pierre Rosnay, qui s'était lié d'amitié avec lui, voulut lui consacrer une de ses émissions à la télévision, mais bien que, comme chacun sait, la censure n'ait jamais existé en France, les bandes de cette émission furent malencontreusement perdues par les responsables de la télévision, et l'émission de
Jean-Pierre Rosnay "suspendue jusqu'à nouvel ordre pour cause de réorganisation de la grille des programmes". Heureusement, les poètes se passent très bien de la télévision, et leurs oeuvres, quels que puissent être "les impératifs de programmation" qui les écartent des "grands" médias, se perpétuent, de la main à la main, de la bouche à l'oreille, et donc de l'âme à l'âme. On se souviendra des poèmes de Pablo Neruda, alors qu'on ne saura même plus quel était le nom de celui qui dirigeait la télévision française dans les années 70 (qui était-ce au faité). La petite lucarne était d'ailleurs bien étroite pour accueillir un poète qui fut tour à tour poursuivi par les autorités de son pays et candidat aux éléctions présidentielles, fugitif et ambassadeur, ennemi public N°1 et Prix Nobel de Littérature.