Fondé en 1961 par le Poète et Résistant, Jean-Pierre Rosnay, et animé par son fils Blaise, le Club des Poètes a pour vocation de "rendre la poésie contagieuse et inévitable" parce qu'elle est 'l'anti-polluant de l'espace mental", "le contrepoids et le contrepoison d'une existence qui tend à faire de nous des robots". Tous les soirs, du mardi au samedi, nous organisons des récitals au 30 de la rue de Bourgogne à Paris. Depuis 1996, sur Internet, vous pouvez découvrir les poètes que nous aimons, vous tenir au courant de l'agenda de nos soirées, découvrir notre podcast, communiquer avec nous et suivre au jour le jour toutes nos aventures poétiques. Bienvenue en Territoire de Poésie.
La poésie est vivante, vive la poésie.

Victor Segalen

Le Club
desPoètes

depuis 1961

Fondé en 1961 par Jean-Pierre Rosnay, et animé par son fils Blaise, le Club des Poètes a pour vocation de "rendre la poésie contagieuse et inévitable". Découvrez ici l'agenda de nos soirées, l'actualité de notre podcast, et une anthologie commentée des poètes que nous aimons.
30 rue de Bourgogne
75007 Paris
métro 13 Varennes

· UN POÈME · · UN POÈME ·
Fondé en 1961 par Jean-Pierre Rosnay et sa Muse et épouse, Tsou pour « rendre la poésie contagieuse et inévitable »

Du mardi au samedi
De 19h à 01h
Fermé dimanche et lundi
paris - 17 mai 2024 - page 6
histoire
C'est d'un être original, autre, haut, qu'il est question ici, inscrit dans la lignée royale des poètes visionnaires pour qui la poésie est un moyen de dépasser les limites de la condition humaine. Sa pensée et son écriture - que d'aucuns ont pu qualifier de complexes et hautaines - sont en réalité un miracle de rigueur et de subtilité. Plus un poète est subtil, plus il est facile (et impie!) de le trahir. Mais Segalen a abondamment commenté ses écrits, ce qui nous permet de le suivre aisément dans son escalade vers les sommets de l'esprit - comme le suivaient les coolies lors de ses nombreuses expéditions archéologiques en Extrême-Orient - avec l'illusion d'avoir nous aussi l'âme sportive et entraînée.

Car Victor Segalen, poète en altitude, médecin fasciné par les méandres du subconscient, archéologue et ethnologue précis, pionnier de la sinologie, à larecherche des monuments des anciennes dynasties chinoises ou arpentant les rives escarpées du Yang-Tseu-Kiang pour relever le réseau hydrographique, fut, tant par l'esprit que par lecorps, un quêteur, un voyageur. Orientaliste quêteur d'exotisme - pas de cet «exotisme prostitué », mais d'un exotisme qui est pour lui une esthétique du divers, de tout ce qui est autre, - il inventera, pour désigner « le voyageur idéal éternellement étranger et inlassablement xénophile » le terme exote. C'est par le chemin du Divers - et la Chine fut pour lui ce chemin - qu'on parvient au Centre, c'est-à-dire à soi-même.
Maria Labeille

Éloge à la jeune fille

Magistrats! dévouez aux épouses vos arcs triomphaux. Enjambez les routes avec la louange des veuves obstinées. Usez du ciment, du faux marbre et de la boue séchée pour dresser les mérites de ces dames respectables, -- c'est votre emploi.

Je garde le mien qui est d'offrir à une autre un léger tribut de paroles, une arche de buée dans les yeux, un palais trouble dansant au son du coeur de la mer.

*

Ceci est réservé à la seule Jeune Fille. À celle à qui tous les maris du monde sont promis, -- mais qui n'en tient pas encore.

A celle dont les cheveux libres tombent en arrière, sans empois, sans fidélité, et les sourcils ont l'odeur de la mousse.

A celle qui a des seins et qui n'allaite pas ; un coeur et n'aime pas ; un ventre pour les fécondités, mais décemment demeure stérile.

A celle riche de tout ce qui viendra ; qui va tout choisir, tout recevoir, tout enfanter peut-être.

A celle qui, prête à donner ses lèvres à la tasse des épousailles, tremble un peu, ne sait que dire, consent à boire, -- et n'a pas encore bu.
1912