Fondé en 1961 par le Poète et Résistant, Jean-Pierre Rosnay, et animé par son fils Blaise, le Club des Poètes a pour vocation de "rendre la poésie contagieuse et inévitable" parce qu'elle est 'l'anti-polluant de l'espace mental", "le contrepoids et le contrepoison d'une existence qui tend à faire de nous des robots". Tous les soirs, du mardi au samedi, nous organisons des récitals au 30 de la rue de Bourgogne à Paris. Depuis 1996, sur Internet, vous pouvez découvrir les poètes que nous aimons, vous tenir au courant de l'agenda de nos soirées, découvrir notre podcast, communiquer avec nous et suivre au jour le jour toutes nos aventures poétiques. Bienvenue en Territoire de Poésie.
La poésie est vivante, vive la poésie.

Théodore de Banville

Le Club
desPoètes

depuis 1961

Fondé en 1961 par Jean-Pierre Rosnay, et animé par son fils Blaise, le Club des Poètes a pour vocation de "rendre la poésie contagieuse et inévitable". Découvrez ici l'agenda de nos soirées, l'actualité de notre podcast, et une anthologie commentée des poètes que nous aimons.
30 rue de Bourgogne
75007 Paris
métro 13 Varennes

· UN POÈME · · UN POÈME ·
Fondé en 1961 par Jean-Pierre Rosnay et sa Muse et épouse, Tsou pour « rendre la poésie contagieuse et inévitable »

Du mardi au samedi
De 19h à 01h
Fermé dimanche et lundi
paris - 17 mai 2024 - page 6
histoire
Je n'ai cessé et ne cesserai de proclamer que la postérité est injuste. L'actualité aussi. Oé est la vérité - mais pourquoi existerait-elle en art quand elle n'existe pas ailleurs ni dans la vie ? - Où est la vérité entre l'actuel oubli et les hommages que recevait Banville (1823-1891) en son temps ?
Baudelaire : " Dans ses vers, tout a un air de fête et d'innocence, même la volupté. Sa poésie n'est pas seulement un regret, une nostalgie, elle est même un retour très volontaire vers l'état paradisiaque."
Mallarmé : " Mon poète, c'est le divin Théodore de Banville, qui n'est pas un homme mais la voix méme de la lyre "
Enfin, parce qu'il eût manqué à ce concert de louanges,
Victor Hugo : " Je viens de lire vos odes. Donnez leur l'épithète que vous voudrez (celle que vous avez choisi est charmante) mais sachez bien que vous avez construit là un des monuments lyriques de notre siècle."
Qui ne reconnaîtrait aujourd'hui la parenté des Odes funambulesques et des Chansons des rues et des boisé
Quant à moi, je ne cesse de m'enchanter au Pierrot de Claude Debussy sur un poème de Théodore de Banville. Tout y est : la Comedia dell'arte, Verlaine, Carné et le boulevard du temple des Enfants du Paradis ainsi que Sacha Guitry avec le célébre mime Deburau, sans oublier le théme d'Au clair de la lune sur lequel brode si bien la musique. Un chef d'oeuvre, vous dis-je, qui suffirait à immortaliser Théodore de Banville.
Roger Gouze

Le saut du Tremplin

Clown admirable, en vérité !
Je crois que la postérité,
Dont sans cesse l'horizon bouge,
Le reverra, sa plaie au flanc,
Il était barbouillé de blanc,
De jaune, de vert et de rouge.

Même jusqu'à Madagascar
Son nom était parvenu, car
C'était selon tous les principes
Qu'après les cercles de papier,
Sans jamais les estropier
Il traversait le rond des pipes.

De la pesanteur affranchi,
Sans y voir clair il eût franchi
les escaliers de Piranèse.
La lumière qui le frappait
Faisait resplendir son toupet
Comme un brasier dans la fournaise,

Il s'élevait à des hauteurs
telles, que les autres sauteurs
Se consumaient en luttes vaines.
Ils le trouvaient décourageant,
Et murmuraient : Quel vif-argent
Ce démon a-t-il dans les veines ?

Tout le peuple criait : Bravo !
Mais lui, par un effort nouveau,
Semblait roidir sa jambe nue,
Et, sans que l'on sût avec qui,
Cet émule de la Saqui
Parlait bas en langue inconnue.

C'était avec son cher tremplin.
Il lui disait : " Théâtre, plein
D'inspiration fantastique,
Tremplin qui tressailles d'émoi
Quand je prends un élan, fais-moi
Bondir plus haut planche élastique !

Frêle machine aux reins puissants,
Fais-moi bondir, moi qui me sens
Plus agile que les panthères,
Si haut que je ne puisse voir,
Avec leur cruel habit noir
Ces épiciers et ces notaires !

Par quelque prodige pompeux
Fais-moi monter, si tu le peux,
Jusqu'à ces sommets où, sans règles,
Embrouillant les cheveux vermeils
Des planètes et des soleils,
Se croisent la foudre et les aigles.

Jusqu'à ces éthers pleins de bruit,
Où mêlant dans l'affreuse nuit
Leurs haleines exténuées,
Les autans ivres de courroux
Dorment, échevelés et fous,
Sur les seins pâles des nuées.

Plus haut encor, jusqu'au ciel pur !
Jusqu'à ce lapis dont l'azur
Couvre notre prison mouvante !
Jusqu'à ces rouges Orients
Où marchent des Dieux flamboyants,
Fous de colère et d'épouvante.

Plus loin ! plus haut ! je vois encor
Des boursiers à lunettes d'or,
Des critiques, des demoiselles
Et des réalistes en feu.
Plus haut! plus loin! de l'air! du bleu
Des ailes ! des ailes ! des ailes !

Enfin, de son vil échafaud,
Le clown sauta si haut, si haut
Qu'il creva le plafond de toiles
Au son du cor et du tambour,
Et, le coeur dévoré d'amour,
Alla rouler dans les étoiles.
1857, Les Odes funambulesques