Fondé en 1961 par le Poète et Résistant, Jean-Pierre Rosnay, et animé par son fils Blaise, le Club des Poètes a pour vocation de "rendre la poésie contagieuse et inévitable" parce qu'elle est 'l'anti-polluant de l'espace mental", "le contrepoids et le contrepoison d'une existence qui tend à faire de nous des robots". Tous les soirs, du mardi au samedi, nous organisons des récitals au 30 de la rue de Bourgogne à Paris. Depuis 1996, sur Internet, vous pouvez découvrir les poètes que nous aimons, vous tenir au courant de l'agenda de nos soirées, découvrir notre podcast, communiquer avec nous et suivre au jour le jour toutes nos aventures poétiques. Bienvenue en Territoire de Poésie.
La poésie est vivante, vive la poésie.

Le Club
desPoètes

depuis 1961

Le Club
desPoètes

depuis 1961

Fondé en 1961 par Jean-Pierre Rosnay, et animé par son fils Blaise, le Club des Poètes a pour vocation de "rendre la poésie contagieuse et inévitable". Découvrez ici l'agenda de nos soirées, l'actualité de notre podcast, et une anthologie commentée des poètes que nous aimons.
30 rue de Bourgogne
75007 Paris
métro 13 Varennes

LES PUBLICATIONS · PUBLICATIONS ·
Fondé en 1961 par Jean-Pierre Rosnay et sa Muse et épouse, Tsou pour « rendre la poésie contagieuse et inévitable »

Du mardi au samedi
De 19h à 01h
Fermé dimanche et lundi
paris - 30 avril 2024 - page 4

" Nous voulions réveiller l'esprit des belles années de Saint-Germain-des-Prés, en plein faubourg Saint-Germain... "

Marcelle Rosnay
révolution trahie
dans
Les carnets du club des poètes
Les péripéties universelles ont des conséquences inattendues sur la vie des humbles.
Songez à cette brave dame qui, montée l'autre jour dans l'autobus à Anvers, voulait aller rue de Leningrad.
- Oh ! c'est fini, cette rue ! s'écrie le conducteur de l'autobus.
- Mais... fait la brave dame qui en reste bouche bée.
Elle passe son ticket dans la machine qui fait clac, puis se ressaisit.
- Cette rue doit bien exister, affirme-t-elle alors en regardant le chauffeur droit dans les yeux, car j'y ai rendez-vous avec mon médecin.
Et l'autre, en souriant, penchant un peu la tête comme un chat câlin, de répondre :
- Non, ce n'est plus la même, Madame.
La dame, gonflant la poitrine et rougissant, jure ses grands dieux qu'elle consulte ce médecin-là tous les ans depuis que le monde est monde.
- Et je vous assure que c'est bien là, déclare-t-elle sans ambages. Il n'a pas changé d'adresse !
- Mais les temps ont changé... insinue le conducteur.
-Il m'en aurait avisé ! s'écrie la brave dame.
- Le monde n'est plus ce qu'il était... poursuit l'agent de la R.A.T.P.
- Oh ! ce n'est pas un charlatan, maugrée la pauvre femme en dodelinant de la tête.
- De grands bouleversements se sont produits récemment, ajoute l'employé.
- Mais Monsieur, il me soigne depuis vingt ans !
proteste la petite dame, toute désemparée.
- En tout cas, la rue de Leningrad n'existe plus Madame, déclare le machiniste.
- C'était un bon médecin, vous savez, dit la passagère d'une toute petite voix.
- C'est rue de Saint-Pétersbourg que vous voulez aller, lui enseigne le conducteur.
Elle fronce les sourcils.
- C'est donc la rue de Leningrad, alors ?
- Je vous dis que les temps ont changé.
- Mais c'est la même chose, tout de même ?
demande-t-elle, inquiète.
- Si vous voulez, admet le chauffeur un peu las.
- Ah, dans ce cas, c'est parfait ! s'exclame la petite dame avant d'aller s'asseoir.
Anne Mounic - 1994
entretien avec marcelle rosnay
Vivre en poesie
par stephane partiot
En plus de cinquante ans d'existence, je suppose que le lien a connu de nombreuses évolutions. Quelle était l'atmosphère des débuts ?

Nous voulions réveiller l'esprit des belles années de Saint-Germain-des-Prés, en plein faubourg Saint-Germain, au cœur de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie. C'était un lieu rustique, au rez-de-chaussée d'un immeuble du XVIIe siècle, avec une cuisinière à charbon et des poutres, que nous avons découvertes quelques années plus tard.
Une bande de jeunes gens s'étant passionnés pour l'aventure, ils nous aident, par divers travaux, à aménager le Club. Un cosaque russe en exil, habile à toutes les tâches, nous répare la banquette. Ensuite, nous préparons l'inauguration avec des personnalités amies, poètes, chanteurs, comédiens, anciens JAR. Philippe Soupault, Sammy Frey, Christine Fersen, Michel Bouquet, Samson François, Maurice Cury et Jean-Luc Maxence furent parmi les premiers arrivés...
Cette soirée fut consacrée à Apollinaire avec un accompagnement musical de Jacques Lasry sur les orgues de cristal des frères Baschet. Le ton est donné ! Chaque soir, au Club des Poètes on pourra diner et écouter de la poésie. Une troupe de diseurs et de chanteurs de poèmes se forme. Les habitants du quartier sont intrigués par ce lieu tout à fait inhabituel. Du marchand de légumes au restaurateur du coin, qui n'est autre qu'Alain Senderens, d'Alain Cuny au directeur de l'Herne, Costa Tacù, qui habitent en face, toute la rue viendra jeter un coup d'œil.
R apidement, le « Club » devient très vivant. Dès le début, nous sommes soutenus par une équipe de médecins qui se sont pris d'amour pour le Club et viennent une fois par semaine, en groupe. Michel Lebeau, industriel, qui nous aide à publier les Cahiers du Club des Poètes, avec des textes de Sandra Jayat, la poétesse gitane, de Georges Zwobada, devenu publicitaire. Jean-Pierre de Monza... Alex Lhermillier... Et bien d'autres !
Un journaliste du New-York Herald ayant eu vent de notre existence, fait un papier élogieux, si bien que nous devenons le rendez-vous de tous les Américains de Paris... Bernard Pivot, jeune journaliste au Figaro, consacre un article à cette naissance.
Robert Graves
Poèmes choisis
collection club des poètes
samuel DEVIN
Voyages inachevés
et autres poèmes
collection club des poètes
sam est un pèlerin sans dieu. Il est encore si jeune et pourtant, c'est comme s'il avait déjà eu plusieurs vies derrière lui. En combien d'endroits s'est-il arrêté, a-t-il posé ses légers bagages, pour les ramasser ensuite, secouer la poussière de ses sandales, et reprendre son chemin ? Sam est un pèlerin avec Dieu et il ne le sait pas [...]
VOL.1
15€
Enfance naturelle
L’arbre noir du jardin est à sa place,
Le café chaud et les miettes de bois,
Le chien est gris devant la longue glace,
Et des gamins remplissent des carquois
De souvenirs et de sève d’amour,
Jusqu’à ce que leur petit dos soit lourd.
Plissant deux fois les yeux, la vieille pleure.
« C’est naturel, comme le vent, elle dit,
On n’empêche pas le vent qui mugit,
Laissez donc la vieille et son pauvre cœur ».
Là, les bêtes grasses, les bêtes frêles,
Reniflent les trèfles tranchés en tas.
Le vieux portail est couvert de morelle,
Et la charrue de ronces et de lilas.
Qui cueille encor des fleurs à cette saison ?
Ce sont les gamins, ils n’ont pas raison.
Je pose ma valise sur la pente
Qui mène à cette maison, je soupire :
Et ils viennent à moi les souvenirs !
Ils sont venus mais mon âme est absente.
Marcelle Rosnay
note
Je suis venu
Et ne t'ayant pas vue
Je m'en fus
Doucement,
Tranquillement,
Sans trop de ressentiment.

C'est la troisième fois qu'il te confisque,
Qu'il me confisque
Le plaisir d'être à toi,
D'être avec toi.

Dès que tu rentres viens chez moi, je t'attends.
Prose et poèmes parisiens, Guillaume CLIFFORD et POGO
vivante
Je t'écris pour le sel, la lumière et la joie,
Pour l'éclat du soleil sur l'écume de nos vies,
Pour les chansons du large et l'espoir rugissant -
Je t'écris pour la poésie.

Je t'écris pour les brèches que nous allons voir
Et pour tous les désirs qui nous soulèvent contre la houle.
Je t'écris contre la tristesse et le renoncement -
Je t'écris pour chercher d'autres façon de vivre.

Je t'écris pour le temps qu'il nous reste
Et l'univers sans fin où tout se réinvinte
Au-dessus des épaves et des marées changeantes
Je t'écris pour chercher d'autres façons de vivre.

Je t'écris pour demain, et l'amour d'aujourd'hui
Pour te tenir la main quelle que soit la distance
Pour amener la mer jusque sous ta fenêtre
Et glisser sous tes doigts mille et un grains de sable.
éternels débuts Alizée GAU
[Extrait]
Je ne veux pas passer vingt-ans à me satisfaire des gravures dedans ma tombe
Je veux graver le monde moi-même
le graver de sourires graves et signifiants.
Je ne veux pas passer vingt-ans à me satisfaire des gravures dedans ma tombe
Je veux graver le monde moi-même
le graver de sourires graves et signifiants.
Timothée Rosnay dans la revue CIEL

vivre en poesie

revue trimestrielle de recherches et d'informations poétiques
tirage 400 ex.
paris - janvier 2022
prix 15€
mourir sans être aimé
Je sais que vous êtes en amour
Avec votre tendre bien aimée
Mes pensées me jouent tant de tours
Quelque chose dans mon cœur est né
Mes vers s'avèrent insensés
Remplis de gêne et de timidité
Je les écris sur ce doux papier
Que vous ne verrez peut-être jamais
Des sentiments j'en ai connus
Mais rares sont ceux que j'ai vaincus
Comme fuir sans trouver aucune issue
Mon cœur vous parle en étant totalement nu
Il vous parle sans se faire comprendre
Il vous chante sans se faire entendre
Il vous pleure sans se faire écouter
Il sourit face à votre générosité
Mais il meurt sans être aimé
Donia Cheref
[Extrait]
le monde sur mes épaules
ne tombera plus comme un ciel brisé
mais comme un fin manteau de neige
sur le souvenir de décembre
Pierre Comandu dans la revue CIEL

La revue - CIEL

Revue polymorphe à parution irrégulière | POESIE | tirage n°1 à 200 ex.
Avec la participation de Samuel Devin, Juliette Sokolov, Pierre Comandu,
Solal Couturier, Ahmed Elalfy et Timothée Rosnay
Poème Barbare par Ahmed Elalfy
J 'ai cette larme au cœur qui gonfle, - grosse de toute un malheur
qui ne repose sur rien.
Ça n'est ni mon enfance, - ni la courbure des astres, - ni l'alchimie
de mon triste corps qui ont scellé son secret. C'est le matin, fuyant - qui m'a sacré
pour tout le jour qui pointe:
faible, rendu, rampant debout.

I l y a une énorme brique dans mon crâne
qui tombe sur mes paupières sur
ma bouche plantée dans mon cou. Mes épaules
sont lourdes
de ce trop de crâne - il y a trop
de crâne pour ce pauvre corps. Il y a d'ailleurs
trop de corps pour ce pauvre moi: je soulève
mon bras comme la mer
la force de tout un océan de vagues soulève
un pétrolier.

U ne rage m'a pris aux dents et m'a jeté sur cette femme. Je l'ai aimée, -
j'en suis maintenant blanchi. Tout ceci est advenu avant quatorze
heures. Il est maintenant minuit, c'est tant pis. J'ai traîné mon nid de
briques à la table de deux amis; ils m'ont trouvé tendre
dans mes idées plus tendre que d'habitude.
J'aurais voulu leur cracher au visage leur tailler les lèvres avec mes ongles planter
mes dents dans leur cou - en partant c'est par une bise
gentille et qui me fut bien douce que l'on s'est dit au revoir.
Père et enfant, par Solal Couturier Je regrette
de n'avoir pas eu le courage de les haïr. Le courage est moins grand
quand on aime. J'aime vertueusement, par habitude - l'habitude est
lâche, il faudra qu'un jour j'aie le courage de saigner la larme dans mon
cœur, qui me fait aimer par depit, qui me fait aimer peat, aimer bas.

De grands voiles de torpeur battent le vent tourant rude dans la nuit,
et le cherche un endroit ou mourir sous tout ce ciel d'atroce, sous ce ciel
de criard de croulant. Le beton-meme hurle gns mon angoisse
l'entends les fenêtres crisser il y a
du cœur dans ce nuage rassemblé sur ma peine sur mon chagrin
aucun éclair ne le casse qu'il aille au diable avec son pesant de trouble
cette pourriture de nuage sourd de nuage crevant - et si je me tordais
là sur place dans un coin de pavés et me brisais d'épouvante
beuglant comme un veau ? j'ai la gorge prête à saillir
ma voix est chaude
La grande blessure des joies bouffonnes qu'apporte le jour béni voit-on
Cette entaille cette large fêlure de bonté
C'est mon sourire de châtré mon sourire bâtard
Moitié sourire moitié dents
Père et enfant, par Solal Couturier
Premier numéro - Juin 2023
5€ sur place
Fakir somnanbule, par Solal Couturier
C'est mon sourire d'homme blessé dans son orgueil d'homme
Blessé de goûter un peu au réconfort d'un soleil blanc comme neige blanc comme pur
O uvert avec la nuit dedans qui l'a percé
J'ai le cœur à vif j'ai toute la nuit
toute la nuit dans mon cour d'enfant
Car j'ai le cœur tout petit
Un pleur c'est trop de monde pour ce cœur petit comme un pou
Ayant tenu jusqu'aux aurores me voici
Haché par une rayonnade voit-on sur ma bouche
La grande blessure des joies bouffonnes qu'apporte le jour béni voit-on
Cette entaille cette large fêlure de bonté
C'est mon sourire de châtré mon sourire bâtard
Moitié sourire moitié dents
C'est mon sourire d'homme blessé dans son orgueil d'homme
Blessé de goûter un peu au réconfort d'un soleil blanc comme neige blanc comme pur

J e pleure, - accoudé contre un portique. J'ai faim, une faim d'ogre.
Il y a bien quelque part un bout de viande avec sa vapeur, avachi
dans un amas de volutes, fumant, avec son goût rouge et brun pour
me farcir la panse, me remonter le moral, me réhausser la bile. Ou
un ami, plein de silence et blessant par son bonheur simple, par son
bonheur plus vrai que ma larme. Car je n'ai pas pleuré depuis
bientôt dix mille ans. Il ne faut surtout pas me croire. Je souffre plus
grand que ma souffrance, je souffre
au-dessus - je souffre bêtement. Il n'y a aucune raison à ma douleur. Je suis d'ailleurs très
content, je suis sain de cœur et d'esprit et d'humeur. Il y a une
femme qui m'aime vraiment et que j'aime aussi : je viens de
l'embrasser et de lui souhaiter bonne nuit.
Oubliez tout ce que je viens de vous dire.
Premier numéro - Juin 2023
· 5€ sur place
Perez de Ayala
Dans le recueil
Je ne suis né que pour quelques poèmes
édition 2022
de Jean-Pierre Rosnay
J e pourrais, j'en ai cent fois fourni la preuve,
Me présenter à vous vêtu de phrases neuves.
Rien ne m'est plus facile que d'être à point abscons,
Et zut aux imbéciles et merde pour les cons.
J'ai choisi d'être simple et à chaque poème,
De vous montrer du doigt mes amours et mes haines.
S'il se peut je voudrais, c'est là mon ambition,
Réveiller en quelqu'un le rêve et la passion.
Soyons fous ! Rien n'est meilleur que l'impossible.
Exemple: la justice. Nous y sommes en chemin.
Plus dur est le parcours, plus petite la cible,
Et plus j'ai de plaisir à me sentir humain.
Qu'est-ce qu'un poète, dites-vous,
Et quelle est la fonction du poème?
Je suis le cordonnier de vos sentiments,
Je suis le rémouleur de vos ressentiments,
Je suis le vent qui fait grandir la flamme.
À bout portant je ressuscite
Chez l'un l'amour, celui-là le bon goût.
Chez cet autre, j'allume la révolte.
Car il nous faut un tigre au milieu des linottes.
Chaque femme est par moi sacrée irremplaçable,
Chaque homme est empereur sur son château de sable.
L'amour qui tant apaise, la raison, la folie,
Je fais feu de tout bois, je fais partout mon lit
Et celui qui prétend me limiter, me définir,
Par le passé, par le présent, par l'avenir,
Je le couvre de ridicule
Comme casse un silence le coup de la pendule.
J'ai rimé! Quel scandale!
Paurais pu cependant aisément l'éviter.
Exemple: ouvrez le Larousse illustré.
A Abaca.
J'ai souvenance de vos pétioles
aux senteurs de chanvre.
Tournez la page:
abîme, gouffre de la mémoire.
Tournez encore la page et dites à tout hasard:
Salut à vous goéland - menuisier - plate-bande!
tarentules donneuses de mélancolie.
Salut à vous, Perez de Ayala, qui aux environs de mil neuf cent
Ecrivites des poèmes que je suis le seul à connaitre,
Le seul, vous m'entendez, Perez de Ayala?
Le seul qui vous tende la main,
Le seul à prononcer ton nom.
Et zut aux imbéciles
Et merde pour les cons!