Pétrarque
(1304-1374)
par
Lamartine
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Les sonnets de Pétrarque deviennent, en naissant, les proverbes de l'amour des âmes. Le nom de Laure de Noves se répand d'Avignon et de Vaucluse, en France et en Italie, comme si un écho invisible l'avait laissé tomber du firmament et enseigné aux hommes. Laure, elle-même, devint quelque chose de sacré, un mythe de l'amour.
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Qu'y a t-il dans tout cela, dans ce jeune lévite, dans cette belle fiancée, dans ces quelques sonnets écrits sous une grotte, jetés au vent de la Sorgue et recueillis par les couples amoureux d'Avignon qui soit de nature à perpétuer son contre-coup et son bruit à travers les siècles ? Rien ! il n'y a rien, excepté une âme, une âme puissante, sonore, mélodieuse et profondément touchée ; une âme qui vit dans chacun de ses souvenirs, qui chante dans chacun de ses vers, qui pleure, espère, ou prie dans chacune des notes du clavier des âmes ; et ce rien est assez pour que le monde, à perpétuité, soit aussi plein des noms de Pétrarque et de Laure que des noms de ceux qui ont conquis ou révolutionnés le monde sous les pas de leurs armées.
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La langue dans laquelle ces vers s'épanchent ne semble avoir été composée ni pour les hommes, ni pour les esprits délivrés de leurs corps : mais c'est une langue entre ciel et terre, entendue également en haut et en bas, qui a de la terre la passion et la douleur, qui a du ciel l'espérance et la sérénité. Ni Homère, ni Virgile, ni Horace, ni Tibulle, ni Milton, ni Racine, n'ont de tels vers, parce qu'aucun d'eux n'a tant aimé ni tant prié. David seul a des versets de cette nature dans ses Psaumes. Pour tout homme sensible qui comprend les sonnets de Petrarque dans la langue où ils ont été pleurés et gémis, les sonnets du poète du Vaucluse sont un manuel qu'il faut porter sur son coeur ou dans sa mémoire comme un confident ou un consolateur dans toutes les vicissitudes des attachements humains ; ils calment comme des versets de l'Imitation, et de plus, ils enchantent par des mélodies intérieures toujours en concordance du son et des sens. C'est une musique qui aime et qui prie dans toutes ses notes ; c'est le psautier de l'amour et de la mort ici-bas; c'est le psautier de la réunionion et de l'immortalité là-haut. C'est Pétraque !
Alphonse de Lamartine.
Le canzionere en version originale
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