par Paul Eluard
Après
Saint-Pol-Roux, Max Jacob vient
d'être assassiné par les nazis. Comme Saint-Pol-Roux, Max
Jacob a eu contre lui son innocence, innocence : la candeur, la
légèreté, la grâce du coeur et de l'esprit,
la confiance et la foi. La plus vivace intelligence, la
véritable honnêteté intellectuelle. Il
était, avec Saint-Pol-Roux, un de nos plus grands poètes.
Né le 11 juillet 1876, à Quimper-Corentin, Max Jacob, qui vint de bonne heure se fixer à Paris, s'était lié avec les poètes et les peintres les plus ardents et les plus audacieux de notre temps. On a pu dire de lui qu'il fut non seulement poète et peintre, mais précurseur et prophéte : son oeuvre si diverse, où l'ironie laisse toujours transparaitre la plus chaude tendresse et la sensibilité la plus fine, marque une véritable date dans la poésie française. Depuis Aloysius Bertrand, Baudelaire et Rimbaud, nul plus que lui n'avait ouvert à la prose française toutes les portes de la poésie. Entre les poèmes en prose du Cornet à dés et les poèmes en vers du Laboratoire Central, entre les Oeuvres Mystiques et Burlesques du frère Matorel et Le Terrain Bouchaballe, la poésie occupe le domaine entier de la vie parlée, dans la réalité, et en rêve. Paul
Eluard, 1941
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