Nota
Bene : Tous les messages sont lus chaque jour par nous et
mis en ligne ici, avant la sélection hebdomadaire que vous
lirez ci-après.
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A
la marée de l'horizon, 16 mars 2003, par Jean-Marc la Frenière
À
LA MARÉE DE L'HORIZON
Les feuilles
d'un vieil arbre
Restent jeunes plus longtemps.
Si le pas des fourmis
A besoin des cigales,
Si la paix des abeilles
A besoin des épines,
Le moindre grain de sable
Devient une montagne
Dans le rêve des cailloux.
Il faut rester debout
Dans l'ornière des jours
Et pousser en commun
La charrette aux trésors,
Ne pas juger la semaine
À son air du dimanche
Ni se faire du sang d'encre
En lisant le journal,
Ne pas jeter la poudre aux yeux
Mais du pain sur la planche,
Laisser l'eau à la bouche
Irriguer le désert,
Laisser des fruits dans l'arbre
Prolonger le verger.
Si l'un de nous meurt en chemin
Il en appelle à tous
Pour attiser le feu
Que nous cherchons encore.
À la marée de l'horizon
Les vagues vont rejoindre
Le vol des oiseaux.
Le fleuve dans la nuit
Ouvre ses branches d'eau
Pour accueillir la lune.
La pluie cerne nos pas
Mais désaltère le chemin.
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Rêverie
à la veille d'une guerre, 16 mars 2003, par Claude
Me voici
au bord d'un océan minéral,
Immense front d'une séparation funeste,
Sur la frontière pendulaire de l'histoire,
Ce temps qui nous donne et qui retire,
Nous livre au désespoir et aux regrets,
Mon regard tombe sur l'horizon blème,
Je gémis dressé sur la masse pierreuse,
Je rentre en moi comme en ma mère,
Mais le temps éternellement se ravive,
Sur le front battu et brûlé du désert,
Qu'enferme donc ce temps ?
Quoi se dissous et se referme ?
Temps fini, infini qui mesure et refuse,
Et reprend à chacun de nous son temps,
Impuissant à franchir cette frontière,
L'histoire m'emporte comme une vague,
Il nous faudrait nous reprendre,
Descendre en nous à la suite de nos actes,
Nous reprendre, descendre pour ne pas rompre,
Demeurer intègre entre le ciel et le désert,
Demeurer sel et eau et ne point se perdre...
Se réduire, se recueillir avant l'irréparable,
Se refondre à l'immense monde immuable,
Comme une pensée qui va renaître,
A la présence pure et simple de toutes choses,
Pas de commencements, pas de fins, pas d'histoire,
Toujours une durée qui ne s'achève sans temps,
Pas d'autres temps, pas d'autre ère, pas d'autres fois !
J'écoute indéfiniment les sanglots venus du désert,
Chant de l'attente du choc de ce temps qui meurt,
J'entends cette voix d'ombres tragique et puissante,
Dans ma rêverie je jette le temps hors du temps,
Dans ce désert immense qui sera un tombeau,
Je me livre comme une vague de visage en visage.
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L'Ivresse
du temps, 16 mars 2003, par Julia
Ombres
éclairées de mes sens épargnés
Sage dame aux doigts de glaise et de papier
Ne vois-tu pas, au loin, l'ardeur de sa puissance
Ne sens-tu pas, au fond, le goût de ton errance
Ombre d'un jour, lumière d'une nuit
Femme au teint de rose, yeux de serpents
Tu caches bien tes vérités sous nos regards ahuris
Du double jeu que tu nous offres à chaque instant
Lune, tu nous éclaires du feu de ton ombre endormie
Soleil, tu m'émerveilles et nous brûle à l'infini
Mes yeux te détestent aux feux de ton ivresse
Mon âme t'idolâtre aux mystères de ton éternelle
jeunesse.
Nous ne sommes plus dupes de tes jeux illuminés
Je sais maintenant les vérités de tes pensés
Tu n'es que boule de feu et terre nacré d'un espace
Qui nous envahit de la grâce d'une journée et d'une nuit
Cycle éternel au rythme de nos vies.
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15
mars 2003, par Hadrien
Rogations.
La Lumière née sur le champs clos, le cortège
glisse par le rideau. Quelques vieux os juchés sur les épaules
de galopins à voix basse psalmodient mieux qu'infidèles
leur prose. Dieu sans mot dire accueille l'assemblée. Ici,
l'acteur prend le temps de saluer et sourire aux cortèges des
femmes stériles.
La nuit en balancelle. Je tisse les armes à la lueur du drame.
Couronne ton regard d'un orle d'anthracite. Je croise les lèvres
en sentinelle dans la chambre garnie. Pour vivre, je noie la plaine
d'un baiser rouge. Innocente s'étire où le cri s'amoncèle.
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JOLIE
MOUETTE, 14 mars 2003, par Herve P.
Chère
Mademoiselle Claquette,
Vous êtes bien belle,
Et vos yeux bleu ciel
Où se reflètent mes rêves
M'incitent à la tendresse.
J'imagine votre rire
Qui claquette dans le ciel,
Votre corps de neige
Qui distille des caresses,
Votre cur de braise
Qui scintille sans trêve,
Et vos yeux bleu ciel,
Qui me sourient.
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14
mars 2003, par Paracelse Euchrid
Tu es
si jolie petite hérésie au teint diaphane, lorgne les
cieux, arbore tes sourires, il est temps de me changer en poisson.
Si tu avais toute ta raison, tu ne serais pas la plus magnifique des
mélodies de ce monde. Tu es si pauvre de
toutes raisons que les déceptions ne t'atteignent pas. Faites
de porcelaines et de larmes hérétique, il est temps
pour toi de me changer en chair à canon. Si tu avais tes yeux
pour voir ce monde cru, tu apprendrais les pleurs. Tu es si
innocente aux yeux de tes gardes fou, égorge tes cauchemars
et embrasse les murs blancs de ta chambre mortuaire. Tu es si belle
dépourvue de raison, sans éclat d'obus ni souillure.
Si jolie infortune folie derrière ses barreaux vides.
Stop war
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CONTE
POUR NAÏFS, 13 mars 2003, par Ginette Desmarais
Il était
une fois un soleil sans planètes. Accablé de solitude,
il pleura. Ses larmes toutes rondes restèrent en suspension
dans le vide sidéral. Il les considéra avec étonnement.
Soudain, les sphères translucides se mirent à tourner
autour de lui, de façon imperceptible, puis de plus en plus
vite, dans un gracieux manège qui le consola. Ainsi naquirent
les planètes, toutes différentes et jolies. L'une d'elles
avait recueilli cette tristesse en immenses bassins bleus, qui valsaient
sous le vent et les nuages, comme un enfant bercé. Touché
par cette déférence, le soleil chauffa la Terre avec
tendresse et dans ses larmes apparut la vie. Si vous ne me croyez
pas, prenez un bain de mer, faites vous bronzer en goûtant le
sel sur vos lèvres, et pleurez d'amour de temps en temps.
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Evasion,
13 mars 2003, par Bérège
Découpé
en lamelles
Le ciel
Gris et sale
Se déverse sans discontinuer
Sur la ville repliée
Grise et sale
Autour
Les murs m'isolent
M'oppressent
Une lumière jaune
Dessinant un plafond imparfait
Vacille sur les mots difficiles
Qui cernent mes envies
Et noircissent mes cahiers
Ma seule issue vers autre chose
Est cette déchirure dans le voile de l'âme
Qu'est la poésie
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Printemps,
12 mars 2003, par Bérège
Le ciel
s'allége
Et délivre l'éclat bleu de tes yeux
Les jeunes pousses renaissent
Dans le vieil arbre
Les oiseaux se dépêchent
La vie s'ébroue
Le jour semble revenir
Et nous n'avons plus la même apparence
L'odeur de la terre
les reflets de l'eau
Les chants dans les branches
Se confondent
Et déchirent
Les dernières ombres
C'est le printemps
C'est le printemps
Comme un sommeil
Qui s'éloigne
Comme une aube
Qui vibre
Comme une promesse retenue
Et qui jaillit
Enfin
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