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Pierre
Fayollat, France, le 21 juin 2002
La poésie
est une prière. En interpellant quelqu'un, elle s'adresse à
tous.Elle tente de réduire l'espace entre les étoiles
brûlantes de la nuit et nos êtres de jour parfois si froids.
Elle devient une arme contre la folie, contre l'entropie de nos âmes
et de nos sentiments, irrémédiablement déchiquetés
par le matraquage des sociétés mirages, le hard loft,
la monoculture de graines qui ne peuvent plus germer par elles-mêmes,
en affirmant haut et fort leur identité, c'est à dire
en prenant soin de la construire. Oui, dans les cales des esclaves
noirs gémissaient et leurs geôliers étaient aveugles
à leur souffrance comme les allemands le furent à celle
des juifs, comme nous le sommes tous un jour pour ceux que nous pourrions
aimer.La poésie est une arme contre l'indifférence car
elle révèle ce qui sinon serait caché. L'acte
poétique est une résistance, une transgression, un au-delà
libertaire et pourtant absolument présent, engagé, politique.
C'est pourquoi il interroge et ne finit pas de nous apprendre sur
nous mêmes et sur la fraternité.C'est pourquoi il doit
être partagé, fût-ce au prix d'un arrachement,
d'une perte de substance et d'une prise de risque, comme toutes les
tentatives de dire l'indicible, le désir et l'avenir.
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Ludwig,
France, le 20 juin 2002
Princesse
de maintien délicat et si pur
glorieuse parmi tant de belles épanouies
cent mille fleurs grenat voilent discrètement
ton corps beauté trop belle harmonie trop parfaite
et mes yeux étonnés parcourus de lumières
cherchent à profaner monts et vallées sacrés
clairières et bosquets nager en lacs champs ciels
et mes mains sont tendues assoiffées deau trop vive
implorantes supplients dévêts-toi ô princesse
et quainsi tu sois nue ailleurs que dans mon cur.
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Marie-Gabrielle
FORGACH, FRANCE, le 20 juin 2002
AINSI
VA MA VIE DE HAUTE LICE
Ainsi
va ma vie de haute lice
Entre terre de glace
Et ciel de feu
Tu mas sauvée du noir bûcher.
Elle
marche en Auricanie
La comtesse de Patagonie
Transylvaine dAmazonie
Sa couronne est levée haut
Est descendue de la Vallée
Tenant en son sein le souvenir
Et la Lune et les étoiles comtales.
Et mon
corps nu est devenu
La flamme de mon champion
Fuyant les Carpates
La Reine est devenue lignée
Et sur ses armes expose sa nudité
Les bras levés sous les étoiles
Et sous la Lune
En mille années déternité
Aux couleurs du prisme
De mes palpitations
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Jean-Marc
La Frenière, Québec, le 20 juin 2002
La liberté
s'appelle amour.
Elle a toujours le visage de quelqu'un,
fille en fleur, femme en fruit.
Elle se promène à poil
ou couverte de cris,
de chagrin et d'espoir.
Elle a toujours aux lèvres
le vin de l'accolade,
au ventre un pain de rire
pour ceux qui désespèrent,
un tricot de caresses
pour tous ceux qui ont froid,
une parole amie
pour tous ceux qui sont seuls,
une poignée de pluie
pour l'herbe qui a soif.
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lhamdouni
abdesselam, Maroc, le 19 juin 2002
Un voyage au désert
Et je
suis entré dans le désert.Portes ouvertes sur l'absence.
* * *
Sous le soleil puissant, des gens silencieux rinçaient leur
bouche avec l'eau des ablutions. Et leur visage se mirait dans les
sables féconds. Un poète maigre guidait un peuple de
nomades sans racines vers des paradis inconnus.
Sur les
poudres mortes de l'éternité , des sages vêtus
de toile blanche dressaient les annales de l'histoire. Sur la brise
et la poussière , ils établissaient les choses de l'esprit.
Et des hommes , suiveurs de pistes , marchaient pieds nus sur les
pierres de feu. Leur bouche savourait du sel, leur doigt enseignait
les chemins du bonheur dans la paume des petites filles. Sous la lumière
jaune, des femmes couronnées de lauriers avaient des colliers
de cristal autour du cou.
Le criquet
nichait dans la main de l'enfant du néant. Le serpent pondait
ses oeufs dans les bras du vieillard qui ne rêve pas encore
de mourir. Et les cavaliers du désir parcouraient les vastes
étendus dans la clarté des horizons ouverts. S'en aller!
S'en aller vers les plus grands pays de Saints.
Et quand
la nuit couvrait les grains du songe,la terre enfantait de confuses
paroles. Le poète s'arrêtait. Il y avait les perles d'étoiles
sur son front. Il est le Médiateur,le Veilleur,l'Enseignant,le
Messager, le Guérisseur, le Sauveur. Et le prophète
sur la colline était en correspondance avec un ciel incorruptible
sur sa tête.
L'aube
versait son lait sur l'oiseau bavard. L'insecte s'envolait sur son
aile transparent. Le poulain cherchait sa mère dans la vallée
obscure du mystère. Et un homme seul, en méditation,faisait
l'éloge de l'univers.
* * *
Et je
suis sorti du désert. Portes fermées sur la présence.
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GARCIA,
France, le 19 juin 2002
JE BOIS
Je bois au luxe pâle des galeries dans le lit des rivières
sacrées,
Aux mosaïques lumineuses du panthéon des muses
Et leurs attelages de félins !
Je bois à lodeur circassienne des musiques de départ,
Au goût frais et humide du voyage,
Aux atomes de rêves dans le sang,
Je bois au désir de révolte qui bat dans les curs
limpides
Et à la vérité qui chemine aveuglée de
poussière !
Je bois
le désert, je bois la soif,
Je bois comme je marche,
Jusquà la réflexion ultime,
Jusquau miroir insondable,
Cette source glacée qui nous a enfantés !
Je bois
au centre du cercle
Et je bois aux quatre directions,
Je bois les étoiles cachées sous le sable,
Je bois les parfums cachés sous la peau.
Je bois
à la magie, à lunion, au mystère,
Je bois la flamme et la révélation.
Je bois à lêtre singulier
Qui donne ses sens aux multitudes !
Je bois
les frissons du vent
Et la montée de la rage,
Je bois aux anges dégringolés,
Je bois le rire de lHomme à linfini.
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Michel
Martin, France, le 19 juin 2002
L'ETE
Flore en sa brusque naissance
Jaillit de sa subite source.
Les roses au jardin embaument
Les parterres, l'abeille vrombit
En son pistil doré et le bouvreuil inquiet
S'agrippe aux mousses de son nid.
Des robes imprimées de grandes
Pivoines rouges envahissent
Les allées où des capelines de paille
Moissonnent les canas.
L'été s'amuse de son remue-ménage,
Des bourgeons prometteurs
Alourdissent les branches,
Au terme de l'allée notre rencontre fut douce.