Mon
crayon,c'est ma canne blanche
(Jean-Pierre Rosnay, en direct du Club des Poètes)
-
Sophie
Mambé, France, le 15 juin 2002
Si le
ciel complice s'abat sur mon épaule
Quand l'abri que je cherche me semble inexistant
En un lieu incertain je cherche un réconfort
Le ciel pleure avec moi et pourtant me console
Je ris de ces regards qu'il n'adresse qu'à moi
A moi si longtemps seul et poussé par le vent
Ici là et ailleurs et partout à la fois
Je marche sans relâche pour ne pas perdre espoir
Et s'il le faut je cours jusqu'à en perdre haleine
Rien n'est jamais fini rien ne me semble vain
Sauf peut-être la nuit qui ne me fait pas peur
Ma vie prend de l'ampleur au crépuscule des vôtres
Et mon éternité est la plus belle histoire
Avec ce ciel ami qui n'appartient qu'à moi
-
ROLLAND
Jacques, France, le 15 juin 2002
Nous
pouvons bien jouer avec les mots
puisqu'ils se jouent de nous.
DEFINITIONS
Epanchement
Penche
vers moi
ton regard doux
pour que sans reproche
glissent tes pensées
Tintinnabuler
Fable
où cloches
tintent à la volée
(A des lieues de tintamarre
sonnant
et résonnant
comme fanfare)
Bruissement
Bruine
doucement
des mots qui mentent
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Nostalgie
d'une légèreté rêvée,
entrevue dans le parfum de l'air,
dans l'air du temps d'une enfance éternelle.
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Mon enfance
est à jamais liée
au souvenir d'un tombereau bleu
dont les planches à claire-voie cédaient
sous le poids du fumier
et qui cahotait sur un étroit chemin de pierres
ahanant lui-même
entre la remise à bois et le haut mur aveugle
~ grand pourvoyeur d'ombre fraîche ~
de la ferme de mes grands-parents.
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Les mots
parlent aux mots
entendre et voir les bien nommés
ainsi PLATANE désigne un mot
qui érige son P
comme un poing au ciel
son T
est précis, immobile, planté
en terre
son L l'allège
l'aère
berce un ciel
où les voyelles
donnent le la
de la légèreté
-
Jean-Marc
La Frenière, Québec, le 15 juin 2002
On laisse
un peu de son âme
sous la peau de chacun,
celle des scarabées, des pierres,
même celle des choses,
la crasse, la salive
et les traces de doigts.
À trop accumuler
on ne laisse qu'un vide.
On ne fait pas un pas
sans déranger le sang.
L'horizon
nous salue
et ne demande rien,
pas de ressac, pas d'écume.
J'écris pour écouter
et apprendre à me perdre
dans la beautédu monde.
J'avance
déjà nu
vers une mer sans vague
me dépouiller des mots
et des lettres du livre.
Je veux vivre sans haine
et nelaisser qu'un baume
dans la douleur des autres.
- Lepointe
Christine, France, le 15 juin 2002
REGARD
DE SABLE
Pieds
nus,
J'ai marché
Sur la terre d'ambre et de feu
Sur l'infini roulé des dunes
Qui triture la mémoire du monde
Il y
avait
Sur le sol absolu
Cet équilibre des pas
Qui, sans cesse,
Faisait fuir l'horizon
Et ré-inventait,
A chaque instant
L'ESPACE...
Et le
vent
Qui menait la danse
Fluidifiant le sable
Dessinait les plis
Avant le dernier repos
Il y
avait ce dôme
De SILENCE
Impatient
d'accueillir
Et l'élan
Et le doute...
Il y
avait
Ce que je laissais derrière moi
Sous les empreintes
Sitôt effacées par la brise
Légère
Et le poids des années noires
Balayées
Par la démesure du paysage
Il y
a eu
L'aube
Au bleu confondu
Sur la page
Qui m'a soudain
Désertée...
Et...seul;
Sans voix
Penché sur moi
Le DESIR
Comme enfanté
Par le ventre sans fond
Du désert!
- Marie-Claude
Royer, France, le 15 juin 2002
Je viens
de fermer
Les portes de mon cur à double battant
Cest
que, savez-vous,
Les temps ne sont pas sûrs
Les agressions nombreuses
Mots
et manquements
De ceux que lon chérit
Sont les plus invalidants
Alors
jai fermé
Les portes de mon cur à double battant
Seule
avec mon intérieur
La vie jaunit comme papiers au fond dune malle
Je regarde par les fentes du bois
Et vois le gris plombé de lavenir
Je voudrais
tant rouvrir
Les portes de mon cur à double battant
- Pascal
COMBE, France, le 14 juin 2002
ENFANTS
Enfants oubliés de Dieu,
pétris de regrets et de mots,
sur nos chevaux d'adieux,
nous poursuivons nos rêves.
Meurtris et haletants,
nos certitudes en vain,
nous martelons nos âmes,
par nos miroirs sans tains.
Enfants mourants en hommes,
nous égalons nos pères,
en ces temps qui déchantent,
pour refaire notre vie,
et mentir nos promesses.
Enfants du crépuscule,
aux silhouettes hantées,
nous trahîmes nos mères,
pour grandir à jamais,
dans ce monde d'adultes,
enfanter nos sirènes.
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