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derniers-nés de Poésie Vive.
- Manon
Croteau, Canada, 23 avril 2001
Tant
pis
Je me
suis assise ici à mon bureau,
me suis mise à réfléchir, et me suis dis:
C'est beau, t'es si beau! donc j'essaie de te l'écrire
Un ou deux petits mots, peut-être un poème, et donc
J'ai parlé de lumière et la lueur de tes paupières
D'un ciel gris-bleu, d'un ciel bleu-gris
Et puis, je me suis dis, non non, c'est trop
J'ai alors parlé de bonbons et de tes lèvres
D'un sève sucrée, qui de toi m'interpelle
Et puis, je me suis dis, mais de quoi je me mêle?
Et soudain, mon papier me paraissait trop blanc
Et vide, surtout vide! Et puis, je me suis dis,
Tant pis, c'est fini.
Le poème, c'est toi.
-
Jean-Pierre
Paulhac, France, 23 avril 2001
Me manquent
Ton désert
et son silence
Tes dunes et leur somnolence
Tes courbes infinies et leur horizon lascif
L'oasis de ton sourire plantée sur ta fierté hérissée
La savane dévastée de ton passé
L'incendie prétentieux de mon désir
-Qui me brûle encore ! -
La cendre fertile de nos amours virtuelles
La poussière de mes mots que le vent balaie
Et ce
papier vierge
Où je dessine ton sourire
Qui me
manque
- Josef
Bakou, Allemagne, 22 avril 2001
J'aimerai
le vent
J'aimerai, aussi grand que tout l'univers
J'aimerai de toute la force de mon cur
J'aimerai le vent
J'aimerai le soleil
J'aimerai les moutons qui paissent dans la prairie.
Et le
jour où je n'aimerai plus
Il sera temps de m'enfouir sous terre.
- Laureline
Amanieux, France, 22 avril 2001
Je regarde
tes yeux
Je regarde
tes yeux aux paupières closes,
Et caresse du doigt la vie qu'ils réfugient.
Je regarde ta nuque qui s'évanouit
Dans tes rêves feutrés où fleurissent des roses.
Je regarde
tes cheveux qui doucement tressent
Une mer vacillante où baigne le murmure
De mon amour, et tes mains refermées et dures,
Sur mon cur bataillé de silences et d'ivresses.
Je regarde
ton corps couché dans l'infini,
Écrasant les heures d'un silence sans âge,
D'un sourire entrelacé à tes lèvres sages.
Je regarde
ton corps perdu dans la nuit,
Ta bouche dessiner le seuil de mes espoirs,
Je regarde tes yeux s'ouvrir sous mon regard.
-
Pascal
Agneray, France, 22 avril 2001
L'enfant de la plage (extrait)
...
Infiniment, sans trêve,
Au loin t'emmènera ma plainte qui s'élève.
Je suis
sur l'océan le sel du souvenir ;
Je viens de l'inconnu mourir sur le rivage
En pleurant sous le vent, et seul et sans faillir
De ma voix fantastique où se perdent les âges.
Ne vois-tu pas les flots crémeux accumuler
Sans nombre les secrets noirs de l'histoire immonde ?
Et le temps que l'on dit cruel écarteler
Dans l'onde au reflux tors l'écume de ce monde ?
Et qu'à l'intérieur d'un écrin de cristal
Au lustre d'or, ton âme a dans le cur des perles
Eclatées, vifs éclairs sertis dans le métal
Poudreux, et dont la mer aux vagues qui déferlent
Enseigne à sa rumeur le long cliquetis sourd ?
Quand face à la mer l'âme est toujours en partance,
Comprend-elle jamais pourquoi son cur est lourd,
Entraîne à chaque vague une once de souffrance ?
L'oracle de la mer lui parle dans son cur.
Croit-elle au loin partir ? mais ce n'est là que vaine
Et folle illusion de ton esprit. Songeur,
S'il savait en son cur bien écouter la peine,
Qu'entendrait-il alors ?
....
- Aida
Hamza, Tunisie, 23 avril 2001
L'oiseau
a pris en otage le ciel
Le temps
s'en va le temps nous quitte déjà
Le temps se déploie dans nos doigts
Le temps nous berce le temps nous voit
Le temps ne peut rester par là
Le temps
ma foi pose ses doigts
Sur les feuilles des arbres
Il perd sa voix et laisse un peu
Sur son visage la trace de nos pas
Le temps
qui c'est ?
Le temps avale nos minutes
Il se repait de notre vie
De nos joies de nos ennuis
Le temps
appelle il interpelle
Il fait des acrobaties
le temps rugit comme un lion
le temps
déroule ses cheveux bleus
comme le ciel ouvre les yeux
et pluie de vent sur mon papier
le temps est un cheval ailé
le temps s'amuse
il fait des ruses
et mille bourgeons
comme un hoquet
c'est le printemps à vue de nez
le temps
se grise de nos bêtises
le temps est vert le temps est bleu
le temps secoue nos destinées
le temps pourrait être un palmier
sous lequel se reposer
écoutez le joueur de flute
se promener sur mon cahier
et mille
notes, mille fontaines
mille gorgées de vent, de lune
et cet oiseau qui prétend
renverser tous les instants
a pris en otage le ciel pour
s'en donner à tire d'aile
- Ginette
Desmarais, Québec, 21 avril 2001
Poésie et silence
Il y a dans le silence, c'est-à-dire dans la solitude et donc,
l'absence de langage, une qualité de bien-être étroitement
reliée à lorganique joie d'être vivant, chaud,
RELIÉ. Nulle part ailleurs ne puis-je aussi bien entendre le
chant de mes cellules (cette fragile victoire sur la mort) et saisir
la marche formidable de lunivers vers lavant, cette accumulation
dinstants qui tisse ce quil faut bien appeler lévolution.
Mais
pour nous que la mort épouvante, le silence définitif
du corps est la représentation ultime du silence, qu'il faut
à tout prix déjouer. Parler constitue dabord une
barricade contre notre propre angoisse, avant que d'être une
véritable communication. Du verbiage incessant qui nous environne
émerge parfois une parole vraie.
Lorsque
nous nous trouvons avec des gens que nous aimons, et qu'une trouée
survient au cours dune conversation intense, ne dit-on pas un
ange passe ! ? En effet, durant quelques secondes, nous avons
entendu quelque chose, qui ressemble à une parole,
un chant suspendu et qui est lémanation brûlante
de nos échanges, un fluide véhiculé par le langage,
mais qui nest PAS le langage. Une grâce d'abord surprenante,
puis embarrassante, qui pourrait ressembler à la vie, la vraie
vie, une éternité vivement entrevue, d'où nous
retombons bien vite, dans l'urgence de bavarder à nouveau.
Cest
pourquoi la poésie est le langage qui se rapproche le plus
du silence. Mais de ce silence LÀ. Et un poème qui nous
touche profondément est peut-être celui qui réussit
à ne pas trahir la musique de ce silence. Pour cette raison,
la poésie n'est-elle pas faite, d'abord pour être lue
dans la solitude, avant d'être dite ?
- Marie
Brisson, France, 20 avril 2001
Le temps murmure
Quelle heure à lhistoire du monde ?
Ce bourdonnement depuis des siècles est-ce larrivée
de barbares déterminés à tout détruire ou
les fondations dune construction et nouvelle et plus belle ?
Le dernier
mystère de lhomme serait-il de garder son âme prête
à l'inattendu?
- Laurent
Lumignan, France, 20 avril 2001
Instant
Zéro
Dans la crèche où dort l'enfant Jésus
Est-ce que tout le monde veille immanquablement?
Tout est suave, le sourire des hommes et des bêtes
et dehors le vent cogne contre les portes de l'étable.
Dehors,
le vent cogne immanquablement.
Des petites bêtes dans la campagne s'aiment et se tuent
La lune dresse ses inventaires:
ici un palais, ici une chaumière
Là la haine et là la misère
et deux amants s'étreignent éperdument.
La vierge
sourit immanquablement
Elle goûte avec ferveur cet instant
Plus tard, elle pleurera des larmes de maman
La vierge n'est pas vierge, elle est emplie par cet instant.
Un nuage
enveloppe toutes les facettes du réel
Avec Dieu qui rit et qui pleure, qui fait soleil et qui fait pluie,
qui se demande s'il a envie d'exister aujourd'hui.
Il hésite
tandis qu'un vieux mage
écrit sur un vieux manuscrit :
l'homme fut construit à ton image
Pauvre de toi ! Ainsi tu ressembles à celui
qui tous les jours se demande comment exister aujourd'hui?
Pas de
réponse. La question se perd dans les airs.
Marie soucieuse contemple son enfant qui dort
Plus tard, il sera écrit sur le manuscrit
que la vierge était vierge et que l'instant était béni.
Vieux
mages, vieux sages, en aurez-vous écrit des sottises
Pour que le silence qui nous enveloppe abandonne cette couleur grise
Que peut-être il n'a pas
car si Dieu est,
eh bien, qu'il soit.
-
Evelyne
Hernandis, Espagne, le 20 avril 2001
ULTIME
PENSÉE
Il faut
aimer ceux qu'on aime
Avant que le temps ne les prennent
Avant que la mort ne les entrainent
Ou aucun chemin ne mène.
- Denis
DOBO-SCHOENENBERG, Saint-Brieuc, FRANCE, le 19 avril 2001
Je suis
le roi des pierres et des soirs d'absolu
Je suis ce regard vide où la nuit se reflète
Je suis comme la feuille au grand vent de la pluie
Je suis la faux qui tranche et le baume qui soigne
Je suis le gouffre étrange où l'ennui s'est penché
Je suis le clair sourire et l'époux légitime
Je suis la rose noire aux parfums plus troublants
Je suis le temps qui passe en se blessant aux grilles
Je suis la mer de soufre aux écailles d'argent
Je suis la route immense où l'horizon s'efface
Je suis le souvenir qui brûle au fond des nuits
-
Maure
Enchantée, France, le 18 avril 2001
Autrefois,
dans la conversation,
Lorsqu'entre deux phrases
Se posait un silence,
C'était les mots qui se reposaient.
Aujourd'hui, il n'y a plus de conversation,
Et lorsqu'entre deux silences
Se pose un mot,
C'est le silence qui se repose.
-
Kamlem
Hulliams, Cameroun., le 17 avril 2001
Enfin...
Ecoutes,
Dans le tréfonds de la vêpre
Le tam-tam séculaire de l'aieu
Battre sans repit
Battre dans l'obscure nuit
Battre la terreur des jours froids.
Demain,
Sans doute viendra le soleil;
Et tu ne seras plus cette terre sèche
sans paysages,
Sans azur,
Sans été.
Patience...
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