Actualités poétiques Lire les poètes Chercher sur l'internet poétique
correspondances poétiques, Club des Poètes

Tous les jours, nous recevons des dizaines de messages venus de tous les coins du monde. Regulièrement, nous mettons en page quelques-uns des poèmes (dans la rubrique Poésie en marche) et des articles qui nous sont proposés. Ci-après, nous vous proposons de découvrir quelques fragments de notre correspondance.

Et vous aussi, écrivez-nous !
Poésie vive Club des Poètes Accueil

Spectacle de Poésie: Récital Rimbaud
* * *
Tous les soirs au Club des Poètes


  • Yasmine, France, le 18 mars 2001


    Parmi nous

    J'ai laissé courir le bruit d'un amour grandiose
    A grand fracas de chevaux gris à cru sur le vent il s'élance
    et sa portée dépasse les sons de clochettes qui tintent
    au coeur des hommes

    On ne s'y entend plus mais de toi j'ai le souvenir au
    bord des lèvres aux goût giroflée de voyages inachevés

    Cours mon amour! Cours à ta perte! laisse-nous à nos
    tempêtes, à nos petites formes de sang et de glaise
    rongées d'effroi

    Ton visage a la forme de mon coeur à l'aube quand
    dorment encore les simulacres
    Avant tu me ressemblais
    Depuis ton avénement sur la nacre du silence où je
    gisais sur la grève de la faim
    Je veille le soleil et les étoiles par où tu passes
    Présence plus émouvante que le cérémonial des fleurs,
    plus insouciante que l'enfant qui laisse son coeur aux
    nuages
    Présence incommensurable dans les moindres recoins qui
    fait rougir les fées parmi les oiseaux interdits et qui
    déborde du ciel et qui fait monter les océans
    Depuis que tu es là maintenant
    Je n'ai plus besoin de toi ni toi de moi pour être

    Le désir se lève sans demander son reste
    Il pétrie les matins entre ses doigts d'enfants joyeux
    Mélange les heures de la relève
    Fait monter l'espoir délicieux de t'être merveilleux

    Cours mon amour dans le sang de tes semblables!
    Cours toute bride lâchée! En liberté!
    Par delà les montagnes que se font de toi les hommes

    Sur un point sensible de la conscience je tiens en
    équilibre et te regarde au loin porter le message de mon
    espérance
    Mon monde plus vaste que le monde
    Ma vie inaltérable qui assoiffe la mort
    Mon coeur infini à qui répondent les mers



  • Galimba, France, le 18 mars 2001

    La nuit n'est qu'une niche scintillante
    Ou se dressent les torches éternelles .
    Au pied de chaque lueur
    Restée comme une lance
    A l'orée des marais aux cratères invisibles ,
    Des mains grises jaillissent en claquant des doigts.
    Pssssttt ... eh toi !
    C'est par là la lumière .



  • Jean-Pierre PAULHAC, France, le 18 mars 2001

    Les gens de ce pays
    Ne parlent pas
    Ils ont le froid comme un fard au front
    Et le coulent au fond de leur col
    Pour mieux ne pas apercevoir
    Les blocs de glaces qui croisent
    Et glissent sur la banquise de la ville
    Et pourtant
    On saisit parfois
    De l'ombre d'un cache-col
    L'appel furtif
    D'un regard bavard
    Rond comme une bouée lancée au hasard
    Et la nuit venue
    Les voici allumés devant l'écran
    Et leur vie défile
    Et file une infinie
    Toile
    Ou se love la virtuelle étoile
    A qui parler
    A qui se fier
    Et ce sont de longs silences qui palabrent
    De clavier à clavier
    O musiciens de la nuit qui pianotez votre cœur
    Ouvrez la porte du jour
    Et levez l'aube des paroles

    Je vis dans un monde de silence
    Chacun s'y ferre indifférent
    Et ferme sa porte
    Ses lèvres muettes
    Ses yeux vides
    Et pourtant
    Ce n'est qu'un long murmure
    Qui fume et vrombit au-dessus des villes
    Le nuage âcre du bruit
    La stridence perçante des lumières
    Le jet d'argent tonitruant de la meute furieuse des phares
    Qui se noient dans l'encre de nulle part
    Dans un vacarme opaque de feu empanaché
    Qui se grise de lui-même…

    Notre silence s'enferme dans le bruit
    Notre solitude multiple se perd dans l'infini flot de la foule
    Et nous errons de fantasme en illusion
    D'horizon en aurore
    De cercle en spirale
    De vapeur en fumée
    Fous
    Qui pourtant rêvons de vivre


  • Petite Iroquoise, France, le 18 mars 2001

    Des hommes meublent leurs antres tant bien que mal. Par exemple, de boîtes de confiseries mises en vitrines qui brillent de toutes leurs couleurs acidulées. Des passants curieux (il est un fait qu'il n'est nul besoin de lunettes pour voir de plus près chez le voisin), délaissent leurs vitrines, alléchés par les bonbons exotiques d'en face. Mais les bonbons font mal aux dents. Et les brosses à dents sont si rarement employées, de haut en bas, de bas en haut, et dans les recoins fragiles. De fait des hommes meublent leurs antres et ont les dents plus ou moins cariées. Ca lance et ça déménage à tout va, par dessus-bord, à tort, à travers. Il faut se débattre. Et inévitablement, pour les moins fortunés d'entre tous, un vent de hasard vient à passer par là, et les boîtes à bonbons méticuleusement réparties, projetées sans dessus-dessous à travers le verre brisé de la vitrine, laisse entrevoir aux passants agglutinés, aux passants distraits, au passants qui passaient par là, aux chats, aux rats, à la suprise générale, les monceaux de poussières en nuage asphixiant s'éléver dans l'air étonné. Ils ne restent plus sous les décombres, en souvenir de traces humaines, pour les archives, des boîtes à bonbons que les ronds nets et vides alignés en silence.
    Cependant des hommes vivent intérieurement tant bien que mal sans se préoccuper des vitrines voisines, ils sont bien trop discrets ou trop occupés à jeter le superflu par la fenêtre, qu'ils préfèrent garder ouverte.
    Et le linge sale... ils le lavent dans l'eau claire de leur conscience...et l'étendent à la fenêtre.



  • Morad DJADI, France, le 18 mars 2001

    A une jeune morte


    C’est que tout homme voit le ciel avant la terre

    Sur les chemins en épines et en fleurs
    Le matin a bercé le glaive lumineux
    D’un soleil volage
    Le soir a bu l’arc sombre
    D’une lune sage
    Ni le regard qu’ont nos yeux sur la vie
    Ni la parole dite de nos espérances au loin
    Qui s’en vont ne te retrouveront réelle

    La pluie est passée sur un rêve
    Effaçant le visage qui part qu’on ne reverra plus
    L’heure de la mort s’est faite immuable
    Qu’est-ce ? Rien n’a plus d’espace
    Alors que meurt le souffle que meurt le vent
    Que meurt ta vie emportant le temps
    Un peu de nous déjà
    Te laissant à nos souvenirs vains

    Te laissant morte dans la seule ombre

    La nuit tombe est tombée
    Nulle nuit n’est pourtant sépulcre
    A ta mémoire aux brumes nocturnes
    Pareille à une mer reposée sereine
    Où ce corps ? Qui reflétait le mouvement
    Faisait l’esprit de la vie ou enfin de rien
    Ballet fou de la terre en univers désolé
    Languissante est une demeure
    Où la mort y trouve sa note

    Endormie la naissance d’un silence

    Des yeux aveugles aux oreilles sourdes
    Pas un hélas pas un ne comprend
    Songes muets des défunts
    Que vous vouliez vous taire

    Que les meilleurs printemps
    Partent avec habitude
    Et que le ciel continue en terre


  • Jean-Philippe Baradat , France, le 18 mars 2001

    Marine

    Naviguant sous le vent, les flibustiers des îles,
    Ont largué les amarres et cargué la grand voile,
    Tandis qu'à la barre, le pilote immobile,
    Conduit le brigantin en suivant les étoiles.

    Le trois-mats balancé par la houle océane,
    Frotte son ventre rond contre les eaux verdâtres,
    Et la brise marine qui lui cherche chicane,
    Incline la mature qu'elle voudrait bien abattre.

    Plongeant droit dans des creux qui pourraient l'engloutir,
    La frégate relève sa proue triomphante,
    Et les paquets de mer qui s'écrasent pour mourir,
    Viennent balayer entreponts et soupentes.


     

  • Erick Boileau, le sol qui nous porte, le 18 mars 2001

    toute femme porte à sa porte un exil
    et l’enfant va
    à tout d'abord lui doit son front
    ce pan
    qui n'a de grenier qu'un visage
    qu’un otage qu’un pas
    c'est bien qu'entendre naisse et vivre va vers ça
    le jour tremplin des habitudes remonte la pente au toit nu
    vivre en passant s'ouvre
    par l'infime fait qu'on remue

     

  • Yasmine, France, le 18 mars 2001

    On a mis tout à plat
    Le bric à brac d'idées qui n'érigent aucun pilier éternel
    La peur en contre-bas
    Les pans de soleil
    Les petites joies en place de petits riens
    Les flacons d'amours vieillis, étiquettes au vent
    L'ennui qui danse sa douce folie autour d'un feu qui refuse de prendre
    Les trajectoires fendues d'effroi des doigts pointés au loin
    Les défauts ricanant, les qualités faites mains par dessus le marché
    Les rêves et pas assez de vie pour les contenir
    les visages de la mémoire qui rappellent vaguement des traits de l'enfance méconnue

    On a mis tout à plat et d'un revers nonchalant et d'une violence toute d'indifférence, la mer a tout emporté

    Demeure en signe de vie, un désir
    Se fondre sans un bruit dans la nuit.


  • Jean-Rémy Fleuret, France, le 17 mars 2001

    Le temps viendra…

    A se saouler de mots on titube parfois entre deux phrases, deux silences, deux non-dits et sans prévenir on devient muet le temps d’un verre, d’un soupir, d’un clin d’œil.
    A se vautrer les samedis soirs enfumés, la bière au ventre, le rire idiot, la main baladeuse, la face hilare on brûle sa jeunesse qu’on croit éternelle et l’on cherche dans l’alcool le moment unique où l’on se verra soi-même, face-à-face, pour de vrai.
    A vivre ainsi à-côté de la vraie vie, à se chercher sans se trouver, le temps s’écoule, inexorable…et un jour, sans prévenir, comme ça, au détour d’une phrase, d’une réponse à une question posée, la Lumière viendra nous toucher de son rayon et tout sera changé, plus rien ne sera comme avant, les mots prendront une autre résonance, les visages une autre expression et nos propos se teinteront d’une imperceptible sagesse…
    Alors, le temps sera venu…



  • Saïd, France, le 16 mars 2001

    La rue traîne ses piétons sans but
    Ils regardent leurs pieds périr dans l'ennui
    Et leurs yeux se meurent de solitude
    Ces vitrines au goût sans saveur
    Qui se disputent la joie d'allècher
    De serrer leurs patients dans l'agonie
    De charmer les marches du choix de l'achat
    Sauvons les marchands de tapis
    Donnons leur la vie,la vraie
    Celle qui permet l'amour


  • Domech, France, le 15 mars 2001

    Solitude


    Quand ma tête flotte
    sur une mer d’huile

    Et que ma tête vole
    dans le ciel cotonneux

    Quand ma tête crisse
    sur la neige immaculée

    Et que ma tête s’enfonce
    dans le sable du désert

    Je pense parfois
    A des vagues déferlantes
    A un ciel en mouvement
    A une neige foulée de pas
    A une tempête de sable

    Je rêve d’évasion
    pour sortir
    de ce calme minéral

    Je rêve d’exode
    pour croiser,
    un jour,
    l’Ami de mon Esprit.


  • Siboni j. Paul, Ile de la Réunion, le 15 mars 2001

     

    Empreinte d’été.

    Pour écrire en silence
    des miettes d’amour
    j’ai préféré le sable
    du rivage doré
    à la craie et l’ardoise
    sur un banc d’école oubliées.
    Comme dans mes rêves d’enfant
    j’ai enrobé d’or
    tous ces mots
    qui ont envahi mon cœur
    en une gerbe d’étoiles.
    Par dessus mon épaule
    tes yeux ont surpris mes pensées
    juste un instant,
    juste avant
    que l’écume de l’onde
    ne recouvre d’une caresse
    mon ardoise de poudre de corail.


  • Dame Oiselle, , le 14 mars 2001

    J'ai demandé à l'oiseau de fermer ses ailes
    qu'il m'enseigne la patience posée au pied des songes

    Des idées noires et d'autres belles se mêlent et
    tournoient au-dessus de nos têtes

    L'augure ne présage nul omen et nul festival

    Il garde le silence

    Il écoute bruire la course rouge qui irrigue le coeur et
    qui anime les vertiges de l'affranchi

    Il entend le murmure lointain au jardin où s'épanouit
    l'âme en secret

    Dans la quiétude du vent calme et des peurs nourries
    d'idéal, l'oiseau prend son envol et sur son sillage
    trace d'invisibles séjours

    J'apprends à déployer la vie parmi le carcan humain sans
    savoir rien autre que l'envie de séjourner en l'amour


  • Alain FAUROUS, France, le 13 mars 2001


    LA MER

    La mer a son écrin de sable et de falaises,
    de dentelles de roches déchirées par ses feintes,
    tapissée de la soie et du velour des brumes.

    Lamer a ses chemins, de voile et de mâts
    qui feignent des blessures, trés vite refermées
    dans le sillon des vagues.

    La mer étend son rôle à ses dociles âmes,
    des poissons scintillants aux féroces guerriers,
    bardés de luisantes armures, de dards étincelants.
    La mer a ses gardiens, inutiles et cruels
    qui peuvent percer le jour dés qu'il la pénètre.

    Vague après vague, sur un lit d'éternité,
    elle pêche la lumière pour mieux nous fasciner;
    et infiniment nus, nous découvrons, avides,
    sa douceur perlée, sa saveur cachée.

    La mer est mon diamant qui jamais ne durcit.
    Je me pends à son cou et jamais je ne sais
    en quelle pierre, en quelle eau
    je règne comme un esclave


  • James Owens, Etats-Unis, le 13 mars 2001

    Dans l'après

    L'orage a aiguisé ses couteaux sur les nuages,
    a éventré notre ciel.

    Maintenant on marche dans l'air frais.
    La vieille lune laisse tomber

    un cati nouveau sur le canal.
    Ce monde est presque réel--

    comme l'autre.
    Des verres brisés

    étincelent sur les rives.
    Les vidanges chuchotent aux rats.


  • Bachir ATTOURA, ALGERIE, le 13 mars 2001


    E X I S T E N C E O B L I G E

    Je l'ai quitté
    Le refuge qui m'isolait
    M'annihilait
    Muselait mon charnel

    Je les ai déchirées
    Les pages qui bouffaient mes nuits
    M'épuisaient
    Taisaient mes révoltes

    Je l'ai chassée
    L'enfance qui tant revenait
    Me malmener
    Me ramener aux temps d'antan

    Et de cette peau si sensible
    Qui pour un rien frissonnait
    Ai-je vraiment besoin?

    Et de ce coeur si compatissant
    Qui amassait les peines d'autrui
    Ignorait les miennes
    Ai-je vraiment besoin?

    Vidé et dénudé
    Je balance ma dépouille à la rue
    Qu'elle soit dévorée
    Savourée par les vautours

    Je ressusciterai alors
    J'existerai pour les esprits éteints
    J'existerai pour les ventres
    J'existerai pour les bas-ventres
    J'existerai pour les passions
    Mais j'existerai.


[Tout en haut]

Vous pouvez lire les forums des jours précédents. Et vous aussi, écrivez-nous !

Accueil Écrire Actualités Forum Francophones Du monde entier Pour les enfants Résistance