Ce
n'est pas la poésie qui doit être libre,
C'est le Poète ! (Robert Desnos)
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* *
Tous
les soirs au Club des Poètes
- Saïd,
France, le 19 février 2001
Le vent
apporte la légèreté des mots
Ils tourbillonnent inlassablement
Dans la main du poète enfant
Qui se meurt dans l'oubli du monde
La parole tournée vers les étoiles
Et les yeux perdus dans le noir
Ils pleurent dans le silence des pages
Dans la solitude de leurs rires
-
Yasmine
Bourhane, France, le 19 février 2001
A ma
mer
Inconditionnel, ton cur est beau et vaste et chaque étoile
peut se mirer dedans
Tandis qu'en secret tu sécrètes un dessein unique pour
tous
Tu roules nos flancs et nous donne à boire de restes de nuages
Parfois calme et sans vent
Tu regardes s'agiter la tempête des hommes
et balayes d'une vague vague leurs chagrins ruisselants
Tu ne te laisses pas amadouer par quelques gouttes
d'épuisement ni même par les naufrages qui tu sais précédent
les naissances
Tu portes les bancs de poissons, la multitude des marins et l'infini
du ciel
Embarcation infime, je me plaindrais de ne savoir pas encore bien
naviguer?
Ma mer
Ne m'en veux
La tasse n'est pas trop salée à mon goût
Tu me berces depuis tant d'années sans que je n'aie su m'éveiller
de mon sommeil d'enfant
Et il est bien temps que ton sel les yeux me piquent et les ouvrent.
Mes larmes dessinent des rides de joie sur ton corps
Annonçant un seul ininterrompu transport
Que tu coules d'une eau douce sur nos désirs
En suivant la courbe folle de nos émois
Que l'on aille sur toi d'un pied ferme
En suivant la route de tes courants bienveillants
Le jour
vient où fièrement nous porterons la mer dans l'amour
de nos bras.
-
Galimba,
France, le 18 février 2001
Oui,
Dans le reflet de tes écailles
J'étais beau parfois.
Vois - tu ce qui est né à présent ?
Tous ces bonheurs portés par nos mots
A travers les désespoirs.
-
Steve
j. Boucher, Québec libre, le 17 février 2001
À propos de poésie
J'aimerais donner ma vision sur la poésie. J'estime que la
poésie doit jouer un rôle majeur dans notre société.
Elle permet de demeurer vivant et imaginatif. La poésie c'est
l'art de créer l'insolite et le merveilleux, par de simples
mots qui se transforment en de véritables feux d'artifices.
La poésie c'est l'unique moyen d'entrer en soi-même et
d'être en contact, par la même occasion, avec les autres,
nos semblables humains. Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir
réel de la poésie. Quelque part, il y a toujours une
personne qui a besoin de se faire consoler, de rêver ou de pleurer.
La poésie existe à des fins pratiques. La poésie
c'est être capable de comprendre la fraternité humaine,
sans pour autant être complètement subjugué par
la vie quotidienne. La poésie nous fait sortir de ce quotidien
malsain et intolérable. Si je vous envoie des poèmes,
c'est pour vous aider à rêver et à communiquer
avec d'autres poètes. Au plaisir !
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Cantate
Pour Annie...
Ton amour aussi vivant qu'un aigle
Qui survole l'intense marée de l'ombre
Ton amour si puissant et sûr
Ton amour comme un bouclier
Me protège de la vie et des inconnus
Ton amour invisible aux autres
Mais délicatement axé sur moi
Ton amour éternellement distinct
Ton amour qui ne se distingue pas du mien
Ton amour et le mien ensemble
Comme un jumelage de couleurs
Dans un arc-en-ciel bleuté
Qui surplombe une belle journée d'été.
* * *
* * *
Elle
sort de l'eau ruisselante et turquoise
la tête dans ses longs cheveux marbrés
agonie d'un jour nouveau
sous les étoiles et le soleil d'hiver
Elle nage dans la rue en souriant aux passants
elle est incapable de dire jamais
pourtant jamais elle n'a été laide
seulement belle à sa naissance instantanément
Elle n'écrit pas de poèmes c'est la poésie incarnée
un regard une parole un geste et vous voilà poète
condamné à célébrer l'amour et la vie
du matin au crépuscule du soir à l'aube de la mort
Elle est agile et lumineuse comme un foudroyant éclair
Elle ne vit que pour plaire et sourire éternellement
à toutes les heures à toutes les secondes
de tous les jours humains.
-
Jean
Masse, Sud-ouest, le 16 février 2001
Ce mercredi 14 février, avec mon épouse et des amis,
j'ai découvert le club des poètes.
J'avais trouvé le site Internet et ses poètes que j'aime
bien, comme Pablo Neruda. J'avais aussi utilisé les
poésies de la Résistance pour compléter une
exposition sur Jean Moulin. Car je suis un "Ami de la Résistance
ANACR", dans le Lot et Garonne. C'est avec plaisir que j'ai rencontré
ce soir là Jean-Pierre Rosnay. Nous avons écourté
à minuit notre soirée car le lendemain, il fallait repartir
dans le sud - ouest. Lorsque nous remonterons à Paris, nous
passerons dans la rue de Bourgogne pour retrouver ces
moments de poésies.
-
Myriam
Gimenez, France, le 16 février 2001
La différence
La différence: mot familier, mot étranger,
Mot maltraité, dévoyé, maux: ces différences
Perpétuent les liens du passé, ces mal-aimés.
Regards chargés d'indifférence, ce mal d'aimer.
Métissages, diversités des mal-aimés.
Communautés, disparités des sociétés.
Stigmates, écarts, ces différents mal supportés...
La différence! mot étranger des sociétés
Altérité! Cette différence des étrangers,
Etrangère à soi même, devenu étranger.
Perte d'un sens; nouvelle... cette différence,
Et cette nouveauté! Fait toute la différence.
Devenue
étrangère dans cette société,
Stigmatisée; si différente humanité.
Différences étrangères, ce mot familier.
Familier... sans être aimé.
-
Guerbas
Abdelkader, Algérie, le 16 février 2001
L'inachevé
Ce mot
qui ne sort que pour me trancher le gosier
Ce verbe que nul temps ne veut conjuguer
Ce regard qui va au-delà des songes
Ton nom que mes larmes irisent
Ne prend forme que celle de ma déchéance
Ce mot qui ne trouve pas sa dernière voyelle
Cette troisième personne qui ne renvoie ni à lui ni
à elle
Cette chanson qui se perd à la recherche de son rythme
Ce poème dépourvu, malgré lui, de son sens, de
sa rime
Cet inachevé, ce mal achevé, c'est moi
-
Michelle
Roy, Québec, Canada, le 15 février 2001
POÈME POUR UNE ROSE
Dépossédée
de la parole
pour laisser toute la place à sa beauté
la rose somptueuse déploie à l'infini
ses multiples pétales
enchâssés les uns dans les autres
d'où jaillit une symphonie de parfums
étourdissant l'espace autour d'elle
Ainsi elle résume l'éternité
en un seul instant de perfection
-
Renaud,
France, le 14 février 2001
Je voudrais vous faire-part d'un poème d'un écrivain
du début du vingtième siècle malheureusement
tout à fait méconnu, Jean de la Ville de Mirmont:
L'HORIZON
CHIMERIQUE
Je suis
né dans un port et depuis mon enfance
J'ai vu passer par-là des pays bien divers.
Attentif à la brise et toujours en partance.
Mon cur n'a jamais pris le chemin de la mer.
Je connais tous les noms des agrès et des mâts,
La nostalgie et les jurons des capitaines,
Le tonnage et le frêt des vaisseaux qui reviennent
Et le sort des vaisseaux qui ne reviendront pas.
Je présume le temps qu'il fera dès l'aurore,
La vitesse du vent et l'orage certain,
Car mon âme est un peu celle des sémaphores,
Des balises, leurs surs, et des phares éteints.
Les ports ont un parfum dangereux pour les hommes
Et si mon cur est faible et las devant l'effort,
S'il préfère dormir dans de lointains arômes,
Mon Dieu, vous le vouliez, je suis né dans un port.
-
Jean-Rémy
Fleuret, France, le 14 février 2001
Boule
de vie
I
Boule de vie
petit bonhomme
à la chaleur fragile
au regard perdu
dans trop d'étonnements
trop de questionnements
Boule de vie
tu vas tu viens
tu es notre espérance
nos regards vont vers toi
tu nous souris parfois
dans ton avenir tu as foi
tandis que nous sommes entrés
dans le couloir du doute
du manque de confiance
en nous et envers les autres.
II
Boule
de vie
du centre à la frange
de l'oblique à l'angle droit
du je t'aime à je te hais
de la lumière éteinte
à la lumière crue
de l'horizon découpé
dans le ciel bleu
au paysage noyé dans le brouillard
du matin.
III
Boule
de vie
tu nous aide à vivre
on te donnera tout ce que nous avons
de plus cher en échange
d'un mot de toi
IV
Boule
de vie
boule de lumière
tantôt éteintes
tantôt laser
en rase-mottes
dans les cités
cache-cache équipée
sauvage à la police
coutumière.
-
Cyrille
Grandclement, France, le 14 février 2001
Je garderai ...
tout, de l'aube des jours,
a la lisière des aurores,
pour une jolie fille,
simplement j'ai oublie un poème,
mais cela n'a plus d'importance maintenant,
que dirons-nous de lui et d'elle
simplement dans la déroute?
Pour finir,
un léger oeillet.
-
Nadia
DEVAUX, France, le 12 février 2001
Dans
le jardin de Mon Père,
Il y a des Oliviers
Et des Lauriers
Et des fleurs en grand nombre,
Des fontaines ruisselantes
Aux couleurs douces et charmantes.
Dans
le jardin de Mon Père,
Ensoleillé,
La brise souffle sur nos bras nus
Sa fraîcheur paradisiaque
Et désaltère nos curs fragiles et doux.
Dans
le jardin de Mon Père,
Les allées sont des pierreries,
Et les Rêves sont éternels.
Il y a des Lauriers et des Oliviers
Et des fleurs en grand nombre.
Il y a des fontaines, des perles, des rochers
Et la brise éternelle
Qui vient nous effleurer.
- Julien
Santenoy, France, le 10 février 2001
A pleine coque dans le fleuve du temps, "le navire poursuit sa
route tant qu'il ne chavire pas" ainsi que l'aurait dit avec
justesse Mr de La Palice. Il y a les bons marins qui savent exactement
là où ils vont, ils ont la carte et ils poussent droit
leur trois-mats en avant. Ils connaissent le trajet au moins par ouïe-dire,
bien sûr le chemin qu'ils croient connaître diffère
par bien des côtés du chemin réel qu'ils poursuivent,
car les cartes ne sont jamais à proprement parler égales
aux pays qu'elles décrivent. Mais somme toute, ils savent ou
croient savoir exactement là où ils vont. "A B
A BA" dit l'enfant, c'est ce qu'on lui a appris et il a raison,
puis viendra la découverte du langage et l'exploration de ses
diverses possibilités, s'il en a l'envie et le temps. Il faut
bien avoir au moins l'alphabet pour parler - à moins que...
- A moins que quoi? Il faut bien que quelqu'un nous ait appris quelque
chose pour que ce quelque chose soit. A chacun son alphabet, chacun
sa langue, chacun son navire, et bon voyage à chacun d'entre
vous. Le poète avec la langue qu'il emploie, crée sa
propre langue, il affine l'outil, le rend propre à sa main,
reconnaissable entre toutes. Avec l'alphabet qui lui fut donné,
il décrypte sa réalité et la transmet. Il la
décrypte, il la découvre, il l'invente et la reconnaît.
L'alphabet en est tout remué et les mots qu'on croyait morts
sont bien vivants. Et la vie qu'ils décrivent prend un beau
sens dans le présent. Le navire a tenu bon, il découvre
de nouveaux territoires du vivant, il a bien fait d'ouvrir sa voile
dans le vent.
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