Par l'honneur qu'il fait aux choses en les nommant, et la couleur de sa
parole et la forme de ses mots, et le jour et la nuit autour de ses images,
et l'univers multiplié dans ses poèmes, Saint-Pol-Roux nous
montre la réalité de l'irréel.
Sur les miroirs mystérieux de sa poésie, vivent et muent tous
les ciels, tous les vents, tous les orages du merveilleux. Nul plus que
lui n'a subi avec autant d'allégresse et de force cette profusion
d'images variables, d'idées éblouissantes, de miracles perpétuels.
L'âme façonnée à toutes les transformations,
et les plus inattendues, de la vie, voici un homme qui n'a pas craint de
se mêler au peuple insensé de son esprit, de se livrer entièrement
au monde parfait de ses rêves. Connaissant son pouvoir, il songe à
tout ce qui lui est possible, à l'univers infini qu'il possède
et qu'il tient prisonnier dans sa tète radieuse :
Espace pour l'oiseau, glèbe pour les moissons
De mon front chaque chose est toujours à descendre
Les océans prochains ne sont que des frissons
Les soleils imminents des tisons sous la cendre
Il s'est appelé le Magnifique, ce poète pétri d'amour.
et de clartés, de tendresse et de flammes, mais nous,quand nous
le lisons, tout tremblants, enchantés et les yeux pleins de larmes
devant cette Beauté si nouvelle et candide, cette Beauté
qui sourit irrésistiblement à l'homme et aux quatre éléments,
un nom nous vient aux lèvres qui nous fait ses enfants : Saint-Pol-Roux
le Divin. Paul Eluard, Avril 1925
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