"Ma vie est dans mes poèmes" William Butler Yeats
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L'oeuvre de ce poète irlandais, né à
Dublin en 1865, bien qu'elle soit profondément enracinée dans
les mythes, les légendes, les contes de fées, et les dieux
de la tradition gaélique, témoigne des passions et des aspirations
qui l'animèrent sa vie durant. Ces symboles, dont Yeats écrivait
qu'ils sont "la seule expression d'une essence invisible, une lampe
éternelle qui a pour correspondance une flamme spirituelle", s'il
les emprunte à la tradition de son pays (la Rose évoque la
beauté et l'Irlande; le noisetier, la sagesse, l'arbre de la connaissance
du bien et du mal; le cygne, la beauté immuable.), il les enrichit
par une signification plus intime, ancrée au plus profond de sa vie.
Par le symbole, Yeats réagit contre une connaissance du monde rationnelle,
qui lui semble incomplète, car pour lui "le rôle de la tête
est de faire sans cesse la révérence au cur". Les femmes
furent d'ailleurs une de ses sources d'inspiration essentielles: entre autres,
Maud Gonne qui né répondit pas à son amour, Lady
Gregory qui deviendra sa confidente et protectrice, George Hyde-Leeds, de
trente ans sa cadette qui lui apporta finalement équilibre et
sérénité. Mais ni son uvre ni sa vie ne furent
pour autant séparées des événements historiques
et politiques dont il fut contemporain, et qui lui ont inspiré de
nombreux poèmes ("les funérailles de Parnell", "Les Pâques
sanglantes de Dublin", etc). Ardent défenseur de la littérature
gaélique, Yeats a contribué largement à la faire revivre,
en fondant "la Société Littéraire Irlandaise", l'"Abbey
Theatre", et plus tard, grâce à la notoriété
internationale que lui avait apporté le prix Nobel, en attirant
l'attention, en participant à de nombreuses conférences et
entretiens radiodiffusés, sur la culture irlandaise.. Il écrira
inlassablement jusqu'à la veille de sa mort. Fin 1938, à Cap
Martin, dans un état de santé délabré, il
écrit: "Je suis heureux et, je crois, plein d'une énergie dont
je désespérais. Il me semble avoir trouvé ce que je
voulais. Quand j'essaie de tout mettre en ordre dans une formule, je dis:
L'homme peut incarner la vérité mais il ne peut la connaître.
Il faut que je l'incarne dans l'achèvement de ma vie. L'abstraction
n'est pas la vie; partout elle témoigne de ses contradictions. On
peut réfuter Hegel mais pas le Saint ni la Chanson de quatre sous."
C'est le 28 janvier de cette même année, à Roquebrune,
que Yeats rejoint le monde chimérique des fées et des
légendes irlandaises.
Patricia BOJU, pour l'ACP.
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