Lamartine,
dont Rimbaud, orfèvre
en la matière, déclara qu'il était voyant, doit je crois son meilleur compliment
à l'exigeant et acerbe Sainte-Beuve, qui ne put s'empêcher d'écrire de lui,
(quel aveu!):
le génie ne suffit pas, il faut tout de même qu'un soin quelconque aide
à l'exécution.
Pour ma part, profitant de l'absence de Sainte-Beuve, je
dirai : parfois le génie suffit. Quant à l'écriture, celle de Lamartine était
et demeure de loin plus exemplaire que celle de Sainte-Beuve. Au demeurant,
Lamartine ne se voulait surtout pas un professionnel de l'écriture. Protégé
par sa position, châtelain malgré lui, comme il arrive à d'autres d'être pauvres
sans l'avoir vraiment souhaité, il écrivait de surcroît, uniquement pour lui,
ce qui lui permit peut-être (on peut y penser) d'écrire pour "nous"
qui, deux siècles après sa naissance, le relisons avec ferveur. Pour des raisons
attachées à ses origines sociales, Lamartine est désinvolte, n'attend rien de
personne - ou presque. Il ne recherche ni à plaire, ni à vendre - si j'insiste
sur cet aspect de ce que je crois avoir retenu de son univers psychologique
personnel, c'est parce qu'il me paraît que cela est beaucoup plus important
que le romantisme dont paradoxalement, on lui a fréquemment fait reproche.
O temps suspends ton vol et vous heures propices
Suspendez votre cours .../...
Jocelyn ou la chute d'un ange, peut-être le dernier des anges.
Que ses Méditations relues, réactivent les vôtres. A l'occasion, relisez aussi
ce qu'Alphonse de Lamartine écrivit sous le titre: La question des prolétaires.
Ou encore le discours que prononça le 9 mai 1838, contre les trusts, celui qui
forma le gouvernement et proclama la République, le 24 février 1848.
Jean-Pierre Rosnay
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