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correspondances poétiques, Club des Poètes
Tous les jours, nous recevons des dizaines de messages venus de tous les coins du monde. Regulièrement, nous mettons en page quelques-uns des poèmes (dans la rubrique Poésie en marche) et des articles qui nous sont proposés. Ci-après, nous vous proposons de découvrir quelques fragments de notre correspondance.
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En 2005, TENIR L'ÂME EN ETAT DE MARCHE.

Nota Bene : Tous les messages et poèmes sont lus chaque jour par nous et mis en ligne ici, avant la sélection hebdomadaire que vous lirez ci-après.

  • Vers la désolation, mercredi 5 janvier 2005 par Duckens Charitable

    C'est comme l'extinction des quatre points cardinaux, Comme l'étranglement de la mer innocente naïve, C'est comme les notes d'un chant construit pour blesser la gorge dépecer la mémoire

    Bim bim le grand bouvari des âmes mortes

    Le grand poumon vert fragmenté au domino esquisse des grandes pénétrations des ténèbres futur inaccessible à chaque fenêtre étroite entrouverte trop étroite mal ouverte trop étroite encore à chaque lueur classique contestation des raccourcis humains

    l'homme n'est homme que par la peau est-ce vrai ?

    les quatorze méridiens de la terre sont accrochés à l'expiation du cubisme parce que toutes les ruses de la géométrie errent encore comme des cailloux sous la pluie

    le crime le bim l'abime chéri de l'homme quand reviendra-t-il le silence de violence?

    raz-de-marée couteau arme musicale raz-de-marée comme chant d'outre-tombe révélant le chemin incertain des veillées d'enfance la légende des siècles des sexes et des climats meurtriers raz-de-marée comme rat qui mord en soufflant d'où sors-tu tes griffes liquides ?

    Bim bim le grand bouvari des âmes mortes Je suis témoin cœur troué et je porte les douleurs (...)

     

  • Sans Titre, Mercredi 5 janvier 2005 par Noguer

    Qui pourra lui dire que je ne suis qu'un rêve, une fumée blanche poussée par le vent ? Qui pourra lui dire que je suis une enfant ? Je suis sans existence, plus fluide que l'eau, plus inconsistante que l'air, plus impalpable que le vent, et plus insaisissable que le feu.

    Me dissoudre au sein de l'espace, pour que plus personne, plus jamais, n'exige rien de moi, n'attende rien.

    Qui peut s'emparer d'une ombre incertaine ? Je suis toujours à sa poursuite et ne la rejoindrai jamais.

    * * *

    Partir très loin, au temps des brumes de mon enfance. Au temps où tout ce que j'ignorais s'enveloppait d'un doux mystère. Et me sentir légère, flottant sur un nuage car déchargée de tout souci. N'être que le moi d'origine, portée par le zéphyr avant que ne me secoue la tourmente, avant que je ne perde espoir, au temps où tout m'était promis. Quand je croyais encore à la beauté, à l'aisance, au bonheur. Quand je n'étais que le bonheur. Partir au temps de l'insouciance en ce pays des fées que j'habitais alors, de l'autre côté du miroir. Qui depuis s'est brisé, bien sûr... Partir très loin. Pour un temps n'être plus que l'enfant qui jouit encore de ce monde insensé sans savoir, sans connaître, l'enfant invulnérable qui dort encore au fond de moi et qu'un rêve, qu'un accord de musique ou qu'un matin calme peut encore éveiller


  • L'Etranger, Poème en deux folies, mercredi 5 janvier 2005 par Fabien Perez


    Je rencontrai quelqu'un qui me parla de vous, me conta votre histoire, puis me fit confidence de quelque obscure dessein sur l'épopée du monde, les soleils qui se lèvent, la fin de l'univers. Et l'esprit vacillant à ses révélations, je le suivais bien loin de ma compréhension.

    La mémoire envahie par de sombres chimères, la pensée assaillie de visions éphémères, je ne puis rapporter de ma simple lumière qu'en un verbe plus pauvre et de façon trop brève le peu que j'entendis à ces mots, ces mystères, ce que dit l'étranger, ses paroles et ses rêves.

    Il me dit les étoiles, il me dit les planètes, et leurs noms à jamais sont restés dans ma tête. Ses mains volaient en l'air décrivant des ellipses ou dessinant des sphères aux multiples éclipses. Dans ses yeux je lisais ces étranges visions, le reflet d'autres mondes, un nouvel horizon.

    Mais, quand je l'écoutais regardant vers le ciel ces images demeuraient des fantômes irréels. L'Univers reste jeune, les étoiles embryons, et les galaxies naissent nébuleuses de photons. Mais les océans-îles, creusets et flots d'hélium, finissent par s'éteindre dans leur bain de lithium.

    L'infrarouge et le rouge de la lumière stellaire se dissipent de jaune en spasmes de matière. L'énergie engendrée troublera son sommeil, un éclair jaillira brillant comme cent soleils ! Alors, dans l'émergence de la constellation mourra la planète mère au sein de l'explosion.

    Voilà ce qu'il me dit et, je le ressentis, l'étranger était triste, sa voix était sans vie. Ses yeux s'étaient éteints, son corps restait transi. C'est là que je compris qu'il me parlait de lui, de son monde et des siens, de ceux que l'on chérit car pour toujours leur feu persiste en notre esprit.

    Puis, comme pour s'excuser de s'être ainsi livré en me contant la fin de cette sombre épopée, il me parla de vous, me dit votre aventure. Mais, bien que familière, l'histoire parut obscure. Quand je lui demandai où il l'avait appris, il me dit simplement qu'il aimait ce récit.

     

     

  • Haiku, mardi 4 janvier 2005 par Nicolas Cotten

    chemin fermant

    le monde qui

    soudain s'ignore


  • Figuier, le samedi 1er janvier 2005 par Ahmed Berrouho


    Figuier
    Dans ce ciel infâme
    Où sèchent des pervenches,
    Dans ce ciel avare
    Où meurent des chrysanthèmes,
    Dans ce ciel disert
    Où se tait l'hymne chagrin,
    Dans ce ciel ébréché
    Où le soleil empale le pin
    Et brûle l'eucalyptus,
    Dans ce ciel philistin
    Que les oiseaux désertent,
    Tremble un figuier unique
    Qu'héberge le soir,
    Où les rires éperonnent les figues,
    Où les joies palpitent
    Et butinent la cime éveillée !


  • La veille, le mardi 28 décembre 2004 par Anonyme


    La fenêtre embuait, la nuit à n'en plus finir.
    Ma veille était coincée derrière, un sac de nœuds plein les nuages.
    Puis son ange est entré, un musicien plein d'éclats,
    de rage,
    qui lançait des pianos dans le trou de lumière, fenêtre close.
    Un vrai mystère.
    Il n'y eut aucun bris de verre, aucun meuble brisé
    quand mon cœur se réveilla.
    A l'autopsie du voyage, quand tout fut terminé,
    quand les derniers amis furent conviés au premier souvenir
    qui jamais ne meurt,
    on ne trouva aucun piano dans ma chambre,
    aucune partition de musique indiquant le chemin de mon cœur.
    Ma chambre était trop petite pour y loger un piano droit.
    Un oiseau sur le bord de la fenêtre tentait de vous dire quelque chose.
    Mais d'une main méprisante,
    vous l'avez chassé de la demeure.
    Ma veille avait si bien fait les choses
    qu'elle volait sans qu'on la voie.

  • ALVA, le mardi 28 décembre 2004 par Anonyme


    Un jour tu reviendras à la moisson du soleil
    Tresser de la lumière aux marches des rayons
    Le vent parlera de toi dans le rideau des blés
    Main de douceur et de dentelle
    Le rubis à ton doigt a moins de sang perdu
    Que le feu de mon cœur
    Et depuis la légende
    La mélancolie du nord ressemble à ton départ.

     

  • CRIER, le samedi 25 décembre 2004 par Anonyme


    Vous disiez que c'était mal et qu'on avait tout calculé, du gouffre de la bête aux formes de la belle. Mais non ! vous vous trompiez ! il fallait vivre comme jamais pour le savoir ! Vous aviez cru tout savoir et tout prévoir, le chiffre était votre roi, l'invention votre maître. Vous pensiez tenir les rênes ! la machine était un esclave, elle devait filer droit jamais dévier de sa trajectoire. Mais non ! vous vous trompiez… le cri de la bête échappait à vos calculs et la perfection s'entendait. Oui elle s'entendait ! elle demandait à l'homme de découvrir son cri…

    **

    1,2,3 je souris aux éclats sans crainte et sans pourquoi

    3,1,2 la confusion règne
    la nuit est totale
    j'éclate en sanglots j'ai peur
    je cherche une mère au soleil
    je brûle
    je crie !

    ***

    perdu dans un nid d'étoiles
    le premier oiseau venu
    ouvre son bec à la nuit totale

    ***

    ciel mon enfant crie, je n'entends rien à son langage

    **

    ( tu t'en fous )

     

  • La bête, samedi 25 décembre 2004 par Anonyme


    Ni la cendre ni le feu ne se souviennent
    Elle poussa le feu hors du cadre et du modèle
    Elle souffla la cendre hors de la nuit et du poème
    Jadis ne se souvient pas
    La bête est bien plus belle qu'on imagine
    Elle attendait sur le bord de ses jours
    Celle dont on ne parlait plus
    De peur qu'elle se réveillât
    De peur qu'elle fît entendre sa voix
    Elle qui ne disait rien
    Mais qui lançait son coeur à la limite du cri
    Tout autour du silence.


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