Faisons un signe aux jours stupéfaits Je triche le regard. Que je dorme comme le temps passé ou un subjonctif imparfait que je dormisse, que je glisse sous les draps coton enfin, pour ne plus voir le gris bouillonnant du plâtre des villes endormies elles aussi. Ecrivons, que je ris dans mes profondeurs- Faisons un signe impératif aux jours stupéfaits- Se servir de tous les moyens en faire de la pierre à fusil pour vivre- Que je vécusse, que j'eusse vécu, je vivrai - Je crains le gel et les intempéries- C'est pour tout le monde pareil - Et pourtant. J'eusse colorié les montagnes si j'avais su- Je joue, pause, soupir - Silences - Seizième de soupir - Envoyez la musique! Aujourd'hui, c'est jour férié, pluvieux, jour férié furieux. Il tombe des cordes - Mais c'est pas vrai c'est jour normal je plaisantais - Jour de sieste obligatoire. Pour une terminaison c'est radical. Je me conjugue dans les multiples degrés du temps - Salement envie de rien faire. J'asticote la saveur des pages blanches sans ligne pour ne pas écrire droit - J'aime désobeïr aux obligations. Je disloque les soleils - La poésie est une tumeur mensongère - Je vermillone avec une brosse douce mon coeur à l'état presque neuf - Ca sert à rien les amuses-gueules - Je serai vitrifiée... Puis on s'adaptera à tous ces anéantissements - En clair nous rentrerons chez nous en regrettant les jours d'avant - Les jours où on s'y croyait. Mais... faisons un signe aux jours stupéfaits - On en reviendra pas mais faisons-le quand même - Moi et mes plantes on tâche de suivre le cortège. Nous nous reconnaîtrons sur une même embarcation. On se fanera, un jour d'hiver, par manque d'amour. Valérie Rostand Valérie sera éditée pour la première fois dans le prochain numéro de Vivre en Poésie Le dessin est de Sandrine Gautier, jeune peintre amie du Club des Poètes