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"Femme,
que fais-tu là ? N'as-tu plus ta raison ?
Il règne un froid terrible en cette âpre saison
Et je ne comprends pas, ô femme, que tu veuilles
Plutôt que ramasser du bois sec et des feuilles,
Ramasser ce rayon, à peine réchauffant..."
"C'est
pour le rapporter à mon petit enfant"
Dit la femme, en levant le front. "Je suis l'aïeule
D 'un pauvre enfant malade à qui je reste seule
Car cet hiver, le père et la mère sont morts.
Pour Travailler, mes bras ne sont plus assez forts,
Je ne peux que glâner, et ce travail-là, chôme
Et l'enfant va mourir sous notre triste chaume,
Sans même avoir connu ces douceurs, ces bonbons,
Qui
font sourire encore les petits moribonds.
Ne pouvoir pas gâter, alors qu'on est Grand-mère,
C'est dur... que lui donner ? Je ne savais que faire.
Mais voici qu'il me dit, ce matin au réveil,
Je serais bien content si j'avais du soleil.
Car le soleil, jamais n'entre dans ma chaumière
Et mon petit enfant est privé de lumière !
Alors, voyant qu'ici le soleil avait lui,
Je viens en ramasser un bon morceau, pour lui."
Et la vieille reprit avec foi sa besogne.
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