Né à Shiraz aux environs de 1320, Khodja Shams-eddine Muhammad, plus connu sous le pseudonyme de Hafiz (celui qui connaît le Coran par coeur), est, avec Saadi, Firdousi et Khayyâm, un des quatre poètes unanimement reconnus en Iran. Le père de Hafiz aurait émigré d'Ispahan à Shiraz où il serait mort durant la petite enfance du poète, laissant sa famille dans la plus grande gêne. Dans un centre de civilisation islamique aussi florissant que le Shiraz de cette époque, d'humbles débuts n'étaient qu'un désavantage relatif et il est plausible qu'Hafiz ait reçu une éducation classique achevée. Ses vers portent témoignage de sa connaissance de l'arabe, des sciences islamiques et de la littérature persane. On suppose qu'il était en possession de son talent de panégyriste avant l'âge de 30 ans, puisqu'un de ses plus célèbres poèmes mentionne avec nostalgie d'autres notables du Shiraz de cette période (V 1350), dont le souverain lui-même. |
On situe traditionnellement vers 1368 la publication
du Diwan, bien qu'aucun manuscrit de cette version ne soit connu. Malgré
toutes ces imprécisions biographiques, une certitude demeure : Hafiz
fut le premier à donner au panégyrique une forme lyrique. Il
cultiva notamment à un niveau de perfection inégalé
, le ghazal, une des formes anciennes de la poésie iranienne
consacrée aux confidences mystiques, à l'expression des joies
et des souffrances de l'amour, et dont les thèmes, communs à
la poésie lyrique persane, sont le vin, l'amour, les plaisirs de la
nature et le mystère qui gouverne le destin de l'homme. Ce genre
littéraire connut avec Hafiz son apogée. La première
difficulté en est la métrique imposée au persan, langue
européenne accentuée, qu'il contraint au carcan de la poésie
arabe fondée sur la longueur des syllabes. Hafiz a ses mètres
favoris dont le Dowri, réalisé le plus souvent en deux fois
sept syllabes. Le rythme en est essentiel : les vers de Hafiz sont avant
tout destinés à être chantés. La rime unique,
la graphie arabe du persan (qui n'est pas une langue sémitique) ne
facilitent pas non plus les choses. Goethe, auteur du Diwan occidental et oriental et du Chant de Mahomet, écrit à propos d'Hafiz : Notre poète s'est fait avant tout un devoir de clarté; il a pris soin de s'exprimer dans le langage le plus simple, dans le rythme le plus facile, le plus insinuant par son idiome, et il n'a laissé entrevoir que de loin ces artifices et ces raffinements par lesquels les orientaux s'efforcent de plaire. On t'a, Saint Hafiz, appelé la langue mystique, mais on ne comprend pas que sans être dévot, tu es bienheureux. Seul celui qui aime et connaît Hafiz sait ce qu'a chanté Calderon. Tel est l'hommage du plus grand poète de langue allemande au plus grand poète de langue persane.
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